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Alimentation : un enjeu politique majeur ! - Santé Environnement
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Vie active - Alimentation - Comprendre
Alimentation : un enjeu politique majeur !
par Alain Geerts - 16 octobre 2013

En cette journée mondiale de l’alimentation, il est bon de rappeler que l’ampleur prise par les problèmes liés à notre système alimentaire est telle que c’est sans aucun doute un des secteurs cruciaux qui nécessite une véritable reprise en main par le politique. L’alimentation est en effet un enjeu de santé publique réellement inquiétant. Les personnes qui souffrent de la faim (carence en calories) et celles qui mangent mal (que ce soit peu ou trop) représentent aujourd’hui un bon tiers de la population mondiale ! La production alimentaire mondiale et le modèle agricole qui la sous-tend sont donc à réformer d’urgence. Les causes sont largement connues et les moyens d’y remédier aussi... Seule une véritable action politique concertée peut réorienter les choix. Le point...

La faim stricto-sensu (sous-alimentation) touche encore quasi 900.000 personnes et l’obésité stricto-sensu en touche 500.000. Entre les deux, il y a 1,5 milliards de « mal nourris » du fait de déficiences en micro-nutriments (comme l’iode, le fer, les vitamines...), donc, les victimes d’une alimentation totalement déséquilibrée.
La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que le coût social de l’obésité et l’excès pondéral a doublé au cours des 20 dernières années. Elle insiste sur le coût économique d’une alimentation mal équilibrée qui « pourrait représenter jusqu’à 5% du PIB mondial, soit 3.500 milliards de dollars par an ou 500 dollars par personne » du fait de la perte de productivité et des dépenses de santé [1].
« Le coût de la dénutrition et des carences en micronutriments représente 2 à 3% du PIB mondial soit 1.400 à 2.100 milliards de dollars », ajoute-t-elle.

Les causes de la faim (malnutrition comprise) sont politiques

La faim est un problème politique. C’est une question de justice sociale et de politiques de redistribution. Si nous voulons en finir avec la faim dans le monde, il est urgent d’opter pour d’autres politiques agricoles et alimentaires qui mettent au centre de leur préoccupation les personnes et leurs besoins, ceux qui travaillent la terre et l’écosystème" (O. De Schutter).

La faim n’est donc pas une fatalité inévitable qui affecterait seulement certains pays. Qui contrôle les ressources naturelles (terres, eau, semences) qui permettent la production de nourriture ? A qui profitent les politiques agricoles et alimentaires ?

Il y a donc plus d’un milliard et demi de « mal nourris » sur terre qui, si la volonté politique était au rendez-vous, mangeraient correctement.

Les causes de l’obésité sont multiples

Les causes de l’obésité sont multiples, mais, comme la faim, elle n’est pas une fatalité. Chez les jeunes (français en l’occurrence, mais l’extrapolation aux jeunes « occidentaux » ne devrait pas être franchement différente), c’est essentiellement le mode de vie qui est à l’origine de l’obésité : grignotage, sauter des repas, manger et boire déséquilibré, sédentarité... L’équation « TV + PUB = Obésité » a récemment été mise en exergue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui tire la sonnette d’alarme en Europe. Elle incrimine des spots qui séduisent les plus jeunes et favorisent l’obésité infantile sur tout le continent. En cause : une réglementation laxiste du marketing.

Ce phénomène touche plus les familles défavorisées.

Des travaux montrent par ailleurs que l’exposition aux substances chimiques aurait un rôle dans l’occurrence de l’obésité.

Relevons enfin quelques chiffres édifiants relatifs à ce trouble de l’alimentation : depuis les années ‘50, le hamburger a quintuplé de volume ; lorsqu’une personne peut se resservir à volonté, elle consomme jusqu’à 70 % de nourriture en plus ; les assiettes sont 33 % plus grandes qu’il y a 50 ans ; aux USA, 40 % de la nourriture consommée par la population l’est hors de la maison... (Voir aussi : Betteraves ? Poireaux ? Courgettes ? Heu...)

L’obésité n’est donc, dans une très large mesure, pas une fatalité : nos modes de production et de consommation sont à revoir ainsi que notre rapport à l’alimentation (éducation au sens large). Et dans les modes de production, l’agriculture intensive (et son acolyte l’agrochimie) et l’industrialisation de la filière alimentaire aux mains des multinationales de l’agroalimentaire sont particulièrement à pointer du doigt (voir ici ou ici).

Devenir « junkie » de la malbouffe ou ascète centenaire : that’s the question que chacun devrait se poser !

Stop au gaspillage alimentaire

Ajoutons au tableau un problème devenu également crucial : le gaspillage alimentaire. « Aujourd’hui, les pays riches européens et nord américains assurent à leurs citoyens entre 150 et 200% de leurs besoins nutritionnels, ce qui se traduit par le fait que notre industrie agroalimentaire propose deux fois les quantités de nourriture dont nous avons réellement besoin. Si ces mêmes pays réduisaient le gaspillage et les surplus de sorte que seuls 130% des besoins soient assurés, 33% des réserves alimentaires mondiales seraient sauvegardées ». De quoi nourrir 3 milliards d’êtres humains. C’est Tristram Stuart, historien et écrivain qui l’affirme dans son livre Global gâchis. La FAO confirme ce diagnostic. L’association SOS-Faim profite de cette journée mondiale de l’alimentation pour précisément sensibiliser la population belge à cet enjeu.

Des solutions existent à tous les niveaux, et pour tous les acteurs , mais...

Les constats sont là et sont interpellants. Les principales causes de ses dérèglements sont donc connues. S’il est fastidieux de passer en revue ici les différents moyens pour pallier à ces dérives, on peut au moins pointer les domaines d’intervention : une modification radicale de notre système agricole en prenant en compte notamment les apports de l’agroécologie (voir aussi : L’agroécologie, une piste pour la Wallonie !, Agriculture et environnement : l’inaction politique creuse le fossé ! mais également « Agroécologie et droit à l’alimentation »), la souveraineté alimentaire et une réappropriation par les citoyens du système alimentaire à l’échelle locale, notamment grâce au développement de filières courtes. Il y a fort à parier que ces nouvelles pratiques modifient radicalement nos rapports à l’alimentation et aient un impact non négligeable sur nos modes de vie.

La fédération Inter-Environnement Wallonie s’est penchée ces derniers mois sur cette question et vient récemment de sortir sa position : Repenser notre agriculture et notre alimentation.

Reste à vaincre l’inertie du système actuel dont la force doit être mesurée à l’aune de l’ampleur des dégâts occasionnés... aujourd’hui « acceptés » comme une simple fatalité.

Alors, commençons par quelque chose de concret et accessible : Manger 2X moins de viande : indispensable ! Et simple....

notes :

[1Le surpoids concerne 1,4 milliard de personnes de 20 ans et plus dans le monde (estimations mondiales de l’OMS). D’ici 2030, le nombre de personnes en surpoids devrait atteindre 3,3 milliards.

Le surpoids et l’obésité représentent le cinquième facteur de risque de décès au niveau mondial et fait au minimum 2,8 millions de victimes chaque année.

source : Organisation Mondiale de la Santé (OMS) - « Obésité et surpoids » - Aide-mémoire N°311