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Cancers, infertilité... Ces maladies que les médecins voient progresser
par Alain Geerts - 4 octobre 2013

Témoignages troublants et concordants de deux médecins, forts de 30 ans d’expérience et qui voient que certaines maladies progressent indubitablement dans nos sociétés modernes riches : cancers, diabète, obésité, infertilités...
Ce constat concorde avec les observations faites par nos experts en santé environnementale depuis maintenant une dizaine d’années. Conscient que la prudence doit absolument être de mise quant à la désignation des causes de ces maladies - lesquelles sont souvent multiples -, on se doit d’être attentif à au moins deux phénomènes inquiétants : la présence toujours plus importante de substances chimiques - pesticides, perturbateurs endocriniens... - et la qualité de plus en plus médiocre de l’alimentation - sucres, mauvaises graisses, alcool.

Un article de Guillaume Malaurie paru sur le site du NouvelObs.

Brigitte Simonot est gynécologue, Dominique le Houézec pédiatre. Ils exercent depuis 30 ans et l’assurent : pour certaines maladies, « la progression est évidente ».

Brigitte Simonot est gynécologue à Somain (Pas-de-Calais) depuis 1982. « Depuis cette date, j’ai franchement le sentiment que les gens sont de moins en moins en bonne santé. Le bruit de fond se dégrade. » Face à la déferlante des maladies chroniques qu’elle voit s’amplifier depuis son installation, Brigitte Simonot reconnaît un certain désarroi : « On a parfois du mal », dit–elle. On éprouve un sentiment de solitude et d’abandon. Et comme beaucoup de médecins, on passe de la résignation à la colère et à la révolte".

Cancers du sein, infertilité...

Sur les cancers du sein, elle est catégorique : « Oui, la progression est évidente. Je discutais voilà quelques jours avec le radiologue voisin qui se disait même épouvanté par le nombre de cancers du sein qu’il détecte chaque jour. En 1982, je n’en voyais que rarement et il s’agissait de femmes ménopausées. Il est vrai que le dépistage ne visait pas alors les femmes de moins de 50 ans mais aujourd’hui, un cancer du sein déclaré concerne des femmes de moins de 50 ans. Parfois de 30 ou 35 ans. »

L’autre inquiétude, dit Brigitte Simonot, c’est l’infertilité : « Je suis frappé, lorsque nous faisons un spermogramme de dénombrer 20 millions seulement de spermatozoïdes par millilitre quand il y en avait 60 millions dans les années 80… ». Sur le diabète ou l’obésité, qui vont souvent de pair, Brigitte Simonot est presque sans voix : « L’obésité prend un tour catastrophique. Elle se banalise comme l’alimentation de type américain. Difficile de savoir quel facteur prédomine de la nourriture, des comportements à risque ou d’autres expositions ».

La réaction des patients ? « Vous savez ici, c’est une ancienne région industrielle et on vit avec la pollution et les risques induits depuis des générations ». Reste que le sentiment d’injustice est réel. « Je ne bois pas, je ne fume pas, je fais du sport, c’est trop injuste ! », répondait une patiente à qui le Dr Simonot venait d’annoncer un cancer du sein.

Les seins qui poussent à 2 ans

Le Dr Dominique Le Houézec est pédiatre à Caen et lui aussi possède un recul clinique de 30 ans. Lui aussi est catégorique : « On voit des pathologies et des anomalies qu’on ne voyait pas ou de manière extrêmement moins fréquente. » A commencer par les pubertés précoces chez les petites filles : « Il n’est pas rarissime d’observer des poussées mammaires entre 18 mois et 2 ans », confie le Dr Le Houézec. « Ou l’apparition des règles très tôt. J’ai eu récemment un cas à 9 ans et demi ».

Il poursuit : « Chez les garçons, j’observe depuis une vingtaine d’années un doublement des anomalies génitales. Que ce soit l’ectopie testiculaire, non descente des testicules, ou encore l’hypospadias, une malformation de la verge qui se manifeste par l’ouverture de l’urètre dans la face inférieure du pénis au lieu de son extrémité. »