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Le vélo est un vrai médicament !
par Fil d’infos et actualité - 4 septembre 2013

I Bike Strasbourg vous propose aujourd’hui de découvrir le premier bilan de l’opération « Sport-santé sur ordonnance » grâce à une interview de M. Alexandre Feltz, Vice Président de la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS) en charge de la santé. Une opération positive sous plusieurs aspects (santé, mobilité, démocratie participative,...) qui mérite toute notre attention !!

I Bike Strasbourg : Pouvez-vous vous présenter ?

Alexandre Feltz : Je suis médecin généraliste installé dans le quartier de la gare à Strasbourg depuis près de 20 ans. Je suis très engagé dans des associations de prévention du sida ou de la toxicomanie. J’ai également beaucoup travaillé sur l’accès au soin et la précarité.

Je me suis engagé en politique en 2008 quand Roland Ries, alors tête de liste socialiste aux élections municipales de Strasbourg, a ouvert un tiers de sa liste à la société civile. Je représente la société civile, je ne suis pas adhérant à un parti politique. Je suis aujourd’hui vice président de la Communauté Urbaine de Strasbourg en charge de la santé. Ce mandat me permet de poursuivre différement mon engagement pour l’accès au soin et à la santé publique.

IBS : Pouvez-vous nous expliquer les raisons du lancement de prescriptions médicales d’activités physiques ?

AF : L’opération « Sport-santé sur ordonnance à Strasbourg » a été lancée en décembre 2012 pour une durée expérimentale d’un an. Elle est issue de 2 constats. Le premier est que de nombreuses études ont démontré que l’activité physique est le meilleur médicament pour de nombreuses pathologies. On recommande 30 minutes d’activité physique par jour qui peuvent être découpées en 3 séances de 10 minutes.

Le second est que sur la ville de Strasbourg, comme dans beaucoup d’autres villes, 75% de la population n’effectue pas ce temps d’exercice minimum. L’idée est de permettre aux gens qui sont sédentaires et malades de pratiquer une activité physique adaptée à leur pathologie.

120 médecins participent à l’opération « Sport-santé sur ordonnance ».

IBS : Comment cette opération s’est mise en place et quels sont vos partenaires ?

AF : Il y a plus de 120 médecins généralistes qui participent à l’opération sur la ville de Strasbourg. Ils orientent les patients pouvant être soignés par une activité physique vers un éducateur sportif. Celui-ci les reçoit individuellement et définit avec eux une pratique (prêt d’un Vélhop, marche nordique, gymnastique, aviron, natation, taichi, yoga...) qui sera encadrée si nécessaire par une association ou un club.

Ce dispositif est gratuit grâce à l’engagement financier de tous les partenaires du contrat local de santé (Agence régionale de Santé, Etat, CPAM du Bas-Rhin, Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Conseil Général.... ).

IBS : Comment vos confrères médecins ont-ils réagi à cette annonce ?

AF : Les médecins ont très bien réagi puisque cette opération répond à un réel besoin sanitaire et social. Pour eux, ce dispositif permet d’aller plus loin que de rappeler uniquement certaines règles hygiéno-diététiques (manger sainement, ne pas fumer, faire un minimum d’exercice...). Il permet une mise en place et un suivi du respect de ces règles. C’est donc une avancée importante pour les médecins et pour les patients.

Le vélo est un vrai médicament.

IBS : Pourquoi le vélo est-il prescrit pour certaines pathologies ?

AF : L’utilisation normale et régulière du vélo est recommandée pour de nombreuses pathologies telles que l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, ou encore le diabète car cette activité permet d’augmenter le rythme cardiaque de façon progressive et régulière. Il faut que le cycliste puisse parler tranquillement à la limite de l’essoufflement et de la transpiration pendant qu’il pédale.

Le vélo est également recommandé aux gens qui souffrent de petits problèmes articulaires parce que marcher peut entrainer une surcharge sur les articulations. Le vélo est un vrai médicament !

IBS : Comment les patients réagissent-ils quand vous leur prescrivez de pédaler plutôt que de prendre des médicaments ?

AF : Au début, ils sont très surpris et n’y croient pas ! Cela leur semble tellement miraculeux et simple. Ensuite, ils adhèrent assez facilement à la démarche. Cette opération change la vie des gens. Les patients vont mieux, bougent, perdent du poids, sont en meilleure forme. Grâce au vélo, ils économisent de l’argent car ils peuvent désormais s’affranchir d’une voiture. Ils gagnent également du temps car à Strasbourg ce mode de déplacement est le plus pratique sur des distances inférieures à 5 km.

IBS : Quels obstacles à la pratique du vélo rencontrez-vous ?

AF : On s’est rendu compte qu’une grande majorité des gens qui ont des revenus faibles et qui appartiennent aux catégories socio-professionnelles défavorisées ne savent pas faire de vélo. Dans les prescriptions qu’on a réalisées, près de que 80 % des gens ne savaient pas faire de vélo. Ils n’ont jamais su parce qu’ils viennent de pays où le vélo n’est pas considéré comme un mode de déplacement. Certains ont également une image négative du vélo ou ne veulent plus en faire suite à un accident ou a une mauvaise expérience. Pour diminuer ces obstacles, nous avons développé le concept d’ « école sport santé » pour des adultes malades afin de leur apprendre à faire ou refaire du vélo et de la natation.

Demain nous irons vers un monde avec moins de médicaments et une meilleure santé.

IBS : Pouvez-vous nous dresser un premier bilan de cette opération ?

L’opération « Sport Santé sur ordonnance à Strasbourg » a eu une couverture médiatique nationale et internationale extraordinaire (Ndlr : tapez « sport sur ordonnance à Strasbourg » sur votre moteur de recherche préféré, vous verrez le nombre impressionnant d’articles sur le sujet). Avec 120 médecins participants, 300 ordonnances réalisées et 250 patients qui bénéficient du programme, l’opération est un franc succès. Valérie Fourneyron, Ministre des sports est également venue à Strasbourg mettre en valeur le dispositif.

Une évaluation de l’état de santé des patients est en cours. Deux internes des hôpitaux de Strasbourg travaillent sur les impacts de cette opération. Enfin, les patients redécouvrent le lien social, la confiance en soi et la sensation de mieux être. Nous voulions démontrer que nous pouvions inciter des malades sédentaires à pratiquer une activité physique. Demain nous irons vers un monde avec moins de médicaments et une meilleure santé.

IBS : Quelles suites souhaitez-vous donner à cette initiative ?

AF : Cela ne dépend pas de moi, mais du Maire de Strasbourg, Roland Ries et de nos différents partenaires. Nous réfléchissons actuellement à un prolongement de l’opération à une couverture géographique plus large que la ville de Strasbourg ainsi qu’à l’extension à d’autres pathologies.

I Bike Strasbourg remercie chaleureusement M.Alexandre Fletz d’avoir répondu à ces questions et espère voir cette mesure simple et efficace pérennisée et étendue en 2014.

Publié par I bike Strasbourg