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Vie active - Alimentation - Comprendre
Stop à l’indécent gaspillage alimentaire !
par Alain Geerts - 18 juin 2013

Aujourd’hui, les pays riches européens et nord américains assurent à leurs citoyens entre 150 et 200% de leurs besoins nutritionnels, ce qui se traduit par le fait que notre industrie agroalimentaire propose deux fois les quantités de nourriture dont nous avons réellement besoin. Si ces mêmes pays réduisaient le gaspillage et les surplus de sorte que seuls 130% des besoins soient assurés, 33% des réserves alimentaires mondiales seraient sauvegardées. De quoi nourrir 3 milliards d’êtres humains. C’est le Tristram Stuart, historien et écrivain qui l’affirme dans son livre Global gâchis. La FAO confirme ce diagnostic. Brève présentation de ce militant original et efficace, grand spécialiste de cette problématique émergente, le gaspillage alimentaire.

Les pages « Terre » de Liberation.fr donne la parole à Tristram Stuart, diplômé en littérature anglaise à l’université de Cambridge et féru de biologie. Cet intellectuel qui a un potager dans son jardin de Londres et trois ruches, se fait livrer du lait frais trois fois par semaine et rapporte de la viande de sa ferme du Sussex tous les mois. Il met rarement les pieds dans un supermarché – « pas besoin, j’ai tout ce qu’il me faut » – et ne quitte jamais un restaurant sans doggy bag, quitte à forcer la main des restaurateurs. Il vit presque en autosuffisance mais ne réclame pas des autres qu’ils en fassent autant. Tristram Stuart n’a pas le profil du militant écolo culpabilisant qui fustige celui qui redoute de consommer son yaourt après la date de péremption et rechigne à avaler un fruit à moitié gâté. Son créneau à lui, c’est « l’éveil des consciences ». Il tire la sonnette d’alarme et juge qu’il est urgent de revoir nos habitudes alimentaires et d’exiger de la grande distribution une meilleure gestion de ses rayons. Question de bon sens. « A ce rythme, nous allons mettre à sac la planète, insiste-t-il. Comment justifier que la plupart des pays européens et nord-américains gaspillent la moitié de leurs ressources alimentaires entre le moment où elles sont produites et celui où elles sont consommées ? » (Vous trouverez la présentation « exhaustive » du bonhomme dans cet article des pages « Style » du monde.fr, ou dans cet article des Inrocks).

Il a couché sur papier toute sa réflexion dans un livre, « Global gâchis », (éd. Rue de l’échiquier, juin 2013). En 2 mots, sa thèse : A l’heure où les circuits alimentaires sont mondialisés, comment justifier le fait que nos pays développés, en Europe comme en Amérique du Nord, gaspillent entre un tiers et la moitié des réserves alimentaires, entre le champ du producteur et nos assiettes ? Qu’il s’agisse de fruits et de légumes frais écartés par les supermarchés pour des raisons esthétiques, ou du gaspillage ordinaire dont nous faisons preuve quotidiennement, ce sont autant de ressources en terres ou en eaux, qui pourraient être mises à meilleures contributions qu’au remplissage de nos décharges.

A côté de l’écriture, il agit. Cela fait des années que Tristram Stuart sollicite les agriculteurs et fait le siège des supermarchés pour tenter de donner une seconde vie aux denrées alimentaires sacrifiées sur l’autel de la surconsommation. En 2009, il a lancé une opération baptisée Feeding the 5 000, un banquet gratuit pour 5 000 personnes organisé à Trafalgar Square, à Londres, préparé exclusivement avec de la nourriture destinée à la poubelle. Ont suivi les villes de Bristol, Manchester et Turin, en Italie.

Lauréat 2011 du prestigieux prix international « SOPHIE pour l’environnement et le développement durable », il a reçu un chèque de 100 000 dollars, ce qui lui permet de partager un bureau avec des entreprises sociales dans un ancien entrepôt reconverti, avec panneaux solaires et jardin potager sur le toit. Consultant indépendant, il est de plus en plus sollicité par les gouvernements, les municipalités et les chaînes de la grande distribution pour les aider à mettre en place des solutions. Il a également été mandaté par la Commission européenne pour organiser des banquets aux quatre coins de l’Europe, dans le cadre d’un programme appelé Fusions visant à évaluer précisément le gaspillage et à le réduire de 50 % d’ici à 2025.

Voilà un exemple assurément à suivre et un homme à largement imiter !!

Retrouvez son intervention intitulée « Alimentation, arrêtons le gâchis ! » sur liberation.fr.