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Notre environnement - Pesticides - Comprendre
Danger des pesticides : un rapport scientifique accablant !
par Alain Geerts - 14 juin 2013

Les pesticides sont, par nature, intrinsèquement dangereux affirment les auteurs de l’expertise collective réalisée par l’Institut national (français) de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Cet imposant travail de compilation confirme les dangers des pesticides sur la santé pour les agriculteurs et les riverains. L’exposition à ces substances serait associée au développement de cancers et de maladies neurodégénératives. De tels résultats imposent aux pouvoirs publics la prise de mesures fortes pour réduire drastiquement l’usage des pesticides tout en interdisant au plus vite les plus dangereux.

Depuis les années 1980, les enquêtes épidémiologiques ont évoqué l’implication des pesticides dans plusieurs pathologies chez des personnes exposées professionnellement à ces substances, en particulier des pathologies cancéreuses, des maladies neurologiques et des troubles de la reproduction. Ces enquêtes ont également attiré l’attention sur les effets éventuels d’une exposition même à faible intensité lors de périodes sensibles du développement (in utero et pendant l’enfance) avance l’Inserm qui, sur cette base, et à la demande de Direction générale de la santé, a réalisé un bilan des publications scientifiques internationales sur le sujet.

Un travail de grande ampleur

l’Inserm s’est appuyé sur un groupe pluridisciplinaire d’experts constitué d’épidémiologistes spécialistes en santé-environnement ou en santé au travail et de biologistes spécialistes de la toxicologie cellulaire et moléculaire. Et tous ces experts ont passé en revues les données publiées au cours des 30 dernières années dans de nombreux pays (Etats-Unis, Canada , Australie , Finlande , Danemark , etc.), et qui concernent les effets sanitaires des principaux produits phytosanitaires : insecticides, herbicides et fongicides.

Une grande part du rapport concerne les expositions professionnelles (agriculteurs, ouvriers du secteur agrochimique, etc.), mais aussi - et c’est important - , les personnes vivant ou travaillant dans ou à proximité de zones agricoles.

Confirmation de la dangerosité des pesticides

Les résultats confirment - allant ainsi à l’encontre des dénégations permanentes des industriels de l’agrochimie - les différents constats que nous relayons depuis de nombreuses années notamment sur le site santé-environnement à savoir : des « présomptions fortes ou moyennes » de lien entre l’exposition à des pesticides et
- Lymphome Non Hodgkinien (LNH),
- cancer de la prostate,
- myélomes multiples,
- leucémie,
- Parkinson,
- Alzheimer,
- divers troubles cognitifs
- des impacts sur la fertilité et fécondabilité.

La grossesse, période sensible !

Les travaux internationaux examinés mettent en lumière un autre fait majeur : la période de vulnérabilité que représente la grossesse . « Il y a une présomption forte d’un lien entre une exposition professionnelle de la femme enceinte à certains pesticides et un risque accru pour l’enfant de présenter un hypospadias ou de développer, plus tard, un cancer cérébral ou une leucémie », constate l’épidémiologiste Sylvaine Cordier (Inserm, université Rennes-I) et coauteure du rapport, interrogée par le journal Le Monde. Selon des données internationales, l’exposition professionnelle du père ou de la mère augmente de 30 % à 53 % le risque de tumeurs cérébrales de l’enfant à naître.
Les agricultrices enceintes ne sont pas les seules concernées. Celles qui habitent dans des zones agricoles d’épandage ou celles qui utilisent les pesticides à des fins domestiques le sont également : « Des études montrent un risque augmenté, pour l’enfant à naître, de leucémies, de troubles de la motricité fine, de déficit cognitif, de troubles du comportement comme l’hyperactivité », ajoute M Cordier.

Approfondir la recherche, mais aussi légiférer pour protéger la population

Au terme de cet imposant travail, les chercheurs ont formulé une série de recommandations allant essentiellement dans le sens d’un approfondissement de la recherches pour améliorer encore la connaissance des processus en cours.
Mais les connaissances acquises aujourd’hui sont largement suffisantes pour que le politique s’empare fermement du problème et fasse le nécessaire pour protéger tant les travailleurs du secteurs que les populations riveraines des épandages mais aussi la population dans son ensemble qui consomme les produits alimentaires largement traités par ces substances.

Le minimum consiste à faire sauter le secret industriel qui « protège » ces poisons et empêche un connaissance suffisante de leur composition. Mais d’autres mesures s’imposent pour enrayé cette atteinte importante à la santé publique, mesures allant de fortes restrictions à des interdictions pures et simples, notamment celle de la vente à des particuliers ou des collectivités locales.

Il est aujourd’hui acquis que la santé de la population dans son ensemble pâtit des pratiques agricoles encore largement dominantes aujourd’hui : celles de l’agriculture intensive largement sous la coupe des grands groupes agrochimiques.

Pour en savoir plus :

- Synthèse et recommandations de l’Inserm (pdf, 752ko, 169 pages)
- Communiqué de presse de l’Inserm
- Communiqué de presse de Générations Futures qui suit de près ces questions en France
- L’ensemble des contributions sur les pesticides du site santé-environnement.be