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Faim, obésité, malbouffe : 1/3 de la population mondiale est mal nourri... - Santé Environnement
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Vie active - Alimentation - Comprendre
Faim, obésité, malbouffe : 1/3 de la population mondiale est mal nourri...
par Alain Geerts - 5 juin 2013

Le problème n’est pas neuf, mais son ampleur commence à inquiéter : l’alimentation pose de sérieux soucis en termes de santé publique. Avec d’un côté les personnes qui souffrent de la faim (carence en calories) et de l’autre celles qui mangent (que ce soit peu ou trop) mal, la question des déficiences de notre système alimentaire mondial devient cruciale, et avec elle, celle du modèle agricole qui la sous-tend. La FAO vient, dans un rapport sorti ce début juin, de tirer la sonnette d’alarme.

La faim stricto-sensu (sous-alimentation) touche encore quasi 900.000 personnes et, à l’autre bout de l’échelle, l’obésité stricto-sensu en touche 500.000. Entre les deux, il y a 1,5 milliards de mal nourris : soit tout juste assez de calories ou trop de calories, mais des déficiences en micro-nutriments (comme l’iode, le fer, les vitamines...), donc, les victimes d’une alimentation totalement déséquilibrée.

Le rapport de l’organisation de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) présenté à Rome et intitulé « La situation de l’alimentation et de l’agriculture » (Sofa 2013) et sous-titré : « Mettre les systèmes alimentaires au service d’une meilleure nutrition » souligne par ailleurs que le coût social de l’obésité et l’excès pondéral a doublé au cours des 20 dernières années.

La FAO insiste aussi sur le coût économique d’une alimentation mal équilibrée qui « pourrait représenter jusqu’à 5% du PIB mondial, soit 3.500 milliards de dollars par an ou 500 dollars par personne » du fait de la perte de productivité et des dépenses de santé [1].

« Le coût de la dénutrition et des carences en micronutriments représente 2 à 3% du PIB mondial soit 1.400 à 2.100 milliards de dollars », ajoute-t-elle.

Les causes de la faim (et la malnutrition) sont politiques

La faim est un problème politique. C’est une question de justice sociale et de politiques de redistribution. Si nous voulons en finir avec la faim dans le monde, il est urgent d’opter pour d’autres politiques agricoles et alimentaires qui mettent au centre de leur préoccupation les personnes et leurs besoins, ceux qui travaillent la terre et l’écosystème" (O. De Schutter).

La faim n’est donc pas une fatalité inévitable qui affecterait seulement certains pays. Les causes de la faim sont politiques. Qui contrôle les ressources naturelles (terres, eau, semences) qui permettent la production de nourriture ? A qui profitent les politiques agricoles et alimentaires ?

Il y a donc plus d’un milliard et demi de « mal nourris » sur terre qui, si la volonté politique était au rendez-vous, mangeraient à leur faim.

Les causes de l’obésité sont multiples

Les causes de l’obésité sont multiples, mais, comme la faim, elle n’est pas une fatalité. Nous rappelions il y a peu que chez les jeunes (français en l’occurrence, mais l’extrapolation aux jeunes « occidentaux » ne devrait pas être franchement différente), c’est essentiellement le mode de vie qui était à l’origine de l’obésité : grignotage, sauter des repas, manger et boire déséquilibré, sédentarité... et que le phénomène touchait plus les familles défavorisées. Des travaux ont également montré que l’exposition aux substances chimiques aurait un rôle dans l’occurrence de l’obésité. Quelques chiffres édifiants relatifs à ce trouble de l’alimentation : depuis les années ‘50, le hamburger a quintuplé de volume ; lorsqu’une personne peut se resservir à volonté, elle consomme jusqu’à 70 % de nourriture en plus ; les assiettes sont 33 % plus grandes qu’il y a 50 ans ; aux USA, 40 % de la nourriture consommée par la population l’est hors de la maison... (Voir aussi : Betteraves ? Poireaux ? Courgettes ? Heu...)

L’obésité n’est donc, dans une très large mesure, pas une fatalité : nos modes de production et de consommation sont à revoir ainsi que notre rapport à l’alimentation (éducation au sens large). Et dans les modes de production, l’agriculture intensive (et son acolyte l’agrochimie) et l’industrialisation de la filière alimentaire aux mains des multinationales de l’agroalimentaire sont particulièrement à pointer du doigt (voir ici ou ici).

Devenir « junkie » de la malbouffe ou ascète centenaire : that’s the question !

Des solutions existent, mais...

Les constats sont là et sont « dramatiques ». Les principales causes sont connues. S’il est fastidieux de passer en revue ici les différents moyens pour pallier à ces dérives, on peut au moins pointer les domaines d’intervention : une modification radicale de notre système agricole en prenant en compte notamment les apports de l’agroécologie (voir aussi : Agriculture et environnement : l’inaction politique creuse le fossé ! mais également « Agroécologie et droit à l’alimentation »), la souveraineté alimentaire et une réappropriation par les citoyens du système alimentaire à l’échelle locale. Il y a fort à parier que ces nouvelles pratiques modifient radicalement nos rapports à l’alimentation et aient un impact non négligeable sur nos modes de vie.

Reste à vaincre l’inertie du système actuel dont la force doit être mesurée à l’aune de l’ampleur des dégâts occasionnés... aujourd’hui « acceptés » comme une simple fatalité.

Alors, commençons par quelque chose de concret et accessible : Manger 2X moins de viande : indispensable ! Et simple...

notes :

[1Le surpoids concerne 1,4 milliard de personnes de 20 ans et plus dans le monde (estimations mondiales de l’OMS). D’ici 2030, le nombre de personnes en surpoids devrait atteindre 3,3 milliards.

Le surpoids et l’obésité représentent le cinquième facteur de risque de décès au niveau mondial et fait au minimum 2,8 millions de victimes chaque année.

source : Organisation Mondiale de la Santé (OMS) - « Obésité et surpoids » - Aide-mémoire N°311