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Selon une enquête menée dans les Bouches-du-Rhône par l’Association Santé Environnement France, les riverains d’antennes-relais présenteraient davantage de troubles que le reste de la population. Si les résultats interpellent, il faut cependant souligner que l’enquête souffre de plusieurs biais méthodologiques qui la rendent trop aisément contestable.
A l’heure où l’exposition aux ondes suscitent un vif débat, c’est une enquête importante que vient de révéler l’Association Santé Environnement France (Asef). Celle-ci a été menée dans les Bouches-du-Rhône auprès d’une centaine de riverains d’antennes-relais et a révélé des troubles supérieurs à la moyenne de la population. Plus précisément, l’association a constaté davantage d’acouphènes, de troubles du sommeil ou encore de défauts de concentration que chez le reste de la population.
Pour cela, des médecins de l’association (parmi les 2.500 membres qu’elle affiche) ont fait remplir des questionnaires de santé à 143 locataires de HLM à Aix-en-Provence et Aubagne, dans des immeubles dont les toits comportent de nombreuses antennes de téléphonie mobile. Les résultats ont ainsi montré que 43% de ces personnes se plaignent d’acouphènes, « alors que seuls 15% des Français disent souffrir d’un tel problème ». Il en est de même pour les troubles du sommeil, dont 55% ont déclaré souffrir et de la concentration (27%).
A contrario, fait plutôt en faveur de ces antennes relais : les troubles digestifs seraient moins fréquents dans la population sondée par l’ASEF (21 %) que dans la population générale (38 % selon les chiffres donnés par l’organisation). Cet « effet protecteur » (stupéfiant) des antennes relais se retrouve également en ce qui concerne les vertiges : moins de 15 % des riverains d’installations de téléphonie mobile en souffrent contre 22 % des personnes dans la population générale !
Petit bémol : l’énumération des troubles ressentis est assortie d’une comparaison avec la « population générale ». Il n’est à cet égard pas précisé de quelle étude les chiffres présentés sont tirés et apparemment il n’y a pas eu de comparaison avec d’autres habitants de HLM non exposés aux ondes d’antennes relais.
« Fait troublant : 83% de ceux qui ont la chance de pouvoir partir en vacances voient leur(s) symptôme(s) disparaître au bout de quelques jours », a souligné l’association.
L’idée qui voudrait que pour des personnes vivant dans un HLM, le fait de s’échapper quelques jours, voire semaines de sa condition sociale pourrait favoriser une amélioration du bien être n’est pas évoquée dans le communiqué de l’ASEF.
Selon le Dr Patrice Halimi, secrétaire général de l’Asef et chirurgien-pédiatre à Aix-en-Provence, cette enquête corrobore des études réalisées en Pologne, en Egypte ou en Autriche. Il a expliqué, cité par l’AFP : l’enquête « n’est pas exhaustive. Elle n’a concerné que des volontaires ayant en commun la proximité avec des antennes. On est allé les voir et on leur a demandé comment ils allaient. C’est la démarche de base du médecin. Les locataires que nous avons rencontrés ont l’impression qu’on se moque d’eux. On ne leur a pas demandé s’ils étaient d’accord pour qu’on implante des antennes-relais sur leur toit ».
Cette déclaration suggère que le questionnaire de l’ASEF aura tout mis en œuvre pour éviter des interrogations trop orientées. Pourtant, le résumé des résultats téléchargeable sur le site de l’organisation indique que la première des questions aura été : « Avez-vous l’impression que votre santé est impactée par : l’usage du portable, les antennes relais, l’usage du portable et les antennes, l’usage du portable, les antennes et le wifi, les antennes et le wifi ». On remarquera que l’éventail complet de ce choix de réponses ne prend pas en compte deux possibilités : une santé nullement impactée, une santé impactée par un autre élément. On notera également sans surprise que 72 % des personnes interrogées déclarent que les antennes relais seules influent sur leur santé. Enfin, les éléments pertinents qui permettent aux personnes interrogées d’imputer des troubles au wifi plutôt qu’au portable ou aux antennes ne sont pas précisés.
Une installation sans l’avis des locataires
Dans la pratique, la loi prévoit que l’installation d’une antenne-relais soit soumise à l’approbation unanime des copropriétaires d’un immeuble, « mais si l’on est locataire dans un appartement privé ou dans un HLM, on ne nous demande pas notre avis. C’est pour cette raison que se multiplient aujourd’hui les forêts d’antennes-relais sur les HLM », a relevé l’Asef au sujet de son enquête.