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Notre environnement - Pesticides
Pesticides et fertilité masculine : les liaisons secrètes
par Valérie Xhonneux - 31 août 2011

De nombreux pesticides utilisés en Europe sont d’ores et déjà identifiés comme perturbateurs du système hormonal. Certains d’entre eux sont retirés du marché. Mais d’autres, dont on accumule les preuves de leur nocivité restent en circulation. D’où l’urgente nécessité de développer l’évaluation en laboratoire et de renforcer le suivi par l’intermédiaire d’un biomonitoring. Telles sont les conclusions de l’étude CONTAMED.

La question de la diminution de fertilité masculine, observée largement à travers le monde, et de ses liens avec les facteurs environnementaux est de plus en plus souvent posée. De nombreuses études ont d’ores et déjà mis en évidence des liens entre ce phénomène et l’exposition à des substances chimiques de synthèse, notamment des pesticides. Ces substances bloquent l’activité des hormones androgènes, responsables du développement du système reproducteur mâle.

Si de nombreuses études ont été menées sur des substances actives désormais interdites, venant renforcer à posteriori la justification de ce retrait du marché, une étude réalisée dans le cadre du projet européen CONTAMED - dont les conclusions viennent d’être publiées - est la première à évaluer l’impact hormonal des pesticides les plus communément utilisés en Europe. Et bien que l’Union Européenne veille à tester rigoureusement [1] les pesticides avant leur mise sur le marché, les tests de toxicité ne tenant pas suffisamment compte de leur activité hormonale, il se pourrait bien que des loups soient entré dans la bergerie !

Car ce que montre cette étude, c’est que sur les 37 pesticides étudiés [2], pour lesquels le risque d’exposition des consommateurs européens est considéré comme élevé (sur base de leurs concentrations dans les aliments vendus en Europe), 23 ont été identifiés comme perturbateurs endocriniens avec la méthodologie spécifique utilisée dans le cadre de cette recherche. [3]

Si plusieurs de ces pesticides ont été retirés du marché pendant la période de réalisation de cette étude, les chercheurs n’en appellent pas pas moins à une mise en place rapide d’une étude systématique de la capacité des pesticides à perturber le système hormonal, ainsi que la mise en place d’un biomonitoring qui permette de mieux comprendre leur comportement dans notre organisme. En gardant bien à l’esprit les risques d’effets cocktails, mal maitrisés à l’heure actuelle, et qui amplifient considérablement les risques que représentent les substances chimiques pour notre santé...

notes :

[2(dont 14 avaient déjà été identifiés comme perturbateurs hormonaux dans des recherches précédentes)

[3Les 9 pesticides nouvellement mis en évidence sont le dimethyltomorph, le fenhexamide, le quinoxyfen, le cyprodinil, l’ λ-cyhalothrine, le pyrimethanil, le fludioxonil, l’azinphos-methyl et le pirimiphos-methyl.