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OGM dans l'assiette : le grand flou ! - Santé Environnement
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Vie active - Alimentation - Comprendre
OGM dans l’assiette : le grand flou !
par Alain Geerts - 27 juillet 2011

Le Crioc (Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs) vient de publier une brève étude sur la perception par le consommateur des liens entre l’alimentation et les cultures génétiquement modifiées. Il n’y a pas de doute, c’est le grand flou dans la tête de beaucoup ! Compte-rendu et quelques questions...

Un certain fatalisme semble avoir gagné les consommateurs. En effet, leur méfiance à l’égard des cultures génétiquement modifiées s’émousse. Ainsi, un consommateur sur quatre affirme que la présence, ou non, d’ingrédients issus de cultures génétiquement modifiées (CGM) dans un produit alimentaire n’influence pas sa décision d’achat !
Il n’en reste pas moins vrai qu’un consommateur sur trois déclare que, s’il est informé de la présence de ce type d’ingrédients dans des aliments, il ne les achète pas.

Tandis que près d’un sur cinq dit y être attentif dans les rayons des magasins, les femmes - le plus souvent responsables des achats -, les personnes de 30 à 64 ans, les francophones et les consommateurs issus des classes sociales supérieures sont proportionnellement les plus méfiants à l’égard des CGM. C’est surtout dans leurs rangs, également, que l’on demande la présence d’un logo informant de la présence ou de l’absence d’ingrédients issus de cultures
génétiquement modifiées dans les produits alimentaires.

De grandes confusions dans l’esprit des consommateurs

Un exemple : à peine un consommateur sur cinq est convaincu que la présence d’un label BIO garantit un produit sans ingrédients issus de cultures génétiquement modifiées. De manière générale, les spécificités du label BIO et ses avantages, notamment pour la santé et l’environnement, sont relativement méconnues des consommateurs, à l’exception des groupes sociaux supérieurs.

Prêt à l’achat ou pas ?

Environ un consommateur sur cinq, surtout les néerlandophones - se dit prêt à acheter un produit alimentaire issu de CGM, même si son prix était plus élevé, à condition que celui-ci présente, soit un avantage pour la santé, soit pour l’agriculteur, soit pour l’environnement. Et un sur deux l’achèterait, si ces avantages étaient avérés, à condition de payer un prix identique.

Pas de fol enthousiasme

Un consommateur sur trois se dit complètement opposé à la présence de cultures génétiquement modifiées dans les aliments destinés à l’alimentation contre un consommateur sur quatre qui déclare ne pas l’être ! À prix identique, 43% de consommateurs seraient prêts à acheter des aliments CGM si ceux-ci apportaient soit des avantages économiques, environnemental ou pour la santé.

En ce qui concerne l’alimentation animale, les proportions d’opposants et de partisans de présence de plantes génétiquement modifiées sont sensiblement comparables. Un peu plus de consommateurs se disent cependant prêts à en acheter pour peu qu’elles offrent des avantages.
Et quid de l’utilisation de ce type de plantes dans les carburants ? Ici aussi, les consommateurs (ou du moins 51 % d’entre eux) consentiraient à en acheter s’il était avéré que celles-ci sont intéressantes pour la santé, le portefeuille ou l’environnement. Les néerlandophones se montrent plus ouverts que les francophones à ces stimuli que les Bruxellois et les Wallons.

Notons, pour conclure, que les consommateurs souffrent d’un déficit d’informations à propos des CGM, et que leurs doutes sur l’innocuité de tels produits ne suffisent pas à stimuler massivement chez eux le recours aux produits biologiques, généralement plus chers. La présence d’un logo identifiant clairement la présence d’éléments issus de cultures génétiquement modifiées - ou leur absence - leur permettrait donc de pouvoir assumer mieux leurs choix.

D’étranges questions... pour une étrange enquête

Il ne fait donc pas de doute qu’un important travail d’information et de sensibilisation des consommateurs doit être fait. Et s’il est vrai que l’objectif de l’étude n’était pas mettre un peu d’ordre dans tout cela, on peut se dire, au terme de sa lecture, qu’elle a dû embrouiller sérieusement l’esprit de certains sujets !

Quelques remarques :

Tout d’abord, on peut s’étonner de la principale conclusion du CRIOC (sur base de leur communiqué) : la vigilance vis-à-vis des OGM s’émousserait. Sur quelle base ? On ne nous donne pas d’enquête antérieure nous permettant de faire la comparaison...

On peut par ailleurs trouver un peu « tirée par les cheveux » l’introduction soudaine de la question du « Bio » et du label « bio » : la question est certes intéressante, mais mériterait une enquête à elle seule. L’attitude des consommateurs par rapport à chacune des questions prises indépendamment est déjà complexe, alors les combiner devient... un peu brouillon.

Enfin, et à titre d’exemple de questions un peu étranges, on peut s’interroger sur les items suivants : « Je suis prêt à acheter un produit alimentaire si ce produit contient des ingrédients issus de cultures génétiquement modifiées qui offrent un avantage santé » ou « Je suis prêt à acheter un produit alimentaire si ce produit contient des ingrédients issus de cultures génétiquement modifiées qui offrent un avantage pour l’environnement ». Ces items présupposent qu’il y aurait des ingrédients issus de cultures génétiquement modifiées qui offrent un avantage santé ou pour l’environnement alors que le coeur des interrogations sur les OGM porte précisément sur les effets négatifs de ceux-ci dans les deux secteurs retenus...

Personnellement, si j’étais un sujet de cette enquête, je répondrais OUI à ces items - répondre NON reviendrait à dire que je refuse un produit bon pour la santé ou l’environnement - , mais j’ajouterais : ’si et seulement si j’ai à ma disposition des informations fiables et indépendantes qui me prouvent que cet avantage pour la santé (ou l’environnement) est réel et que par ailleurs il n’y a pas de risques « non encore décelables aujourd’hui » (principe de précaution).

Les choses deviennent surréalistes quand on découvre que 42% des consommateurs sont d’accord qu’on utilise des plantes génétiquement modifiées comme carburant en cas d’avantage pour la santé des consommateurs. Que peut-on tirer comme conclusion d’une telle question ? Juste que les consommateurs sont pour ce qui est meilleur pour la santé, point ! Ce que l’on sait depuis longtemps... Qui peut en effet, avec certitude (donc sur base d’une étude complète du cycle de vie d’un agro-carburant) affirmer que les agro-carburants (qui sont censés être cultivés pour réduire les émissions de C02 qui ont peu à voir avec la santé) seraient plus performants en termes de pollutions locales, qui elles ont un impact sur la santé. Ici aussi, on embrouille les choses en amenant la question de la production d’agro-carburants génétiquement modifiés. Quel rapport d’ailleurs avec notre assiette ?

Heureusement que de telles enquêtes comportent un débriefing...

Source : la newsletter du Crioc

Télécharger l’étude.