Deux décisions viennent d’être prises - l’une au niveau international, l’autre au niveau européen - pour d’une part restreindre l’utilisation de pesticides à base de paraquat et d’autre part limiter les teneurs maximales en résidus de pesticides des fruits et des légumes.

Le paraquat

LaConvention de Rotterdam, adoptée le 10 septembre 1998 lors d’une réunion de plénipotentiaires à... Rotterdam, a deux objectifs :
 encourager le partage des responsabilités et la coopération entre Parties dans le domaine du commerce international de certains produits chimiques dangereux, afin de protéger la santé des personnes et l’environnement contre des dommages éventuels ;

 contribuer à l’utilisation écologiquement rationnelle de ces produits chimiques dangereux en facilitant l’échange d’informations sur leurs caractéristiques, et en instituant un processus national de prise de décisions applicable à leur importation et à leur exportation et en assurant la communication de ces décisions aux Parties.

Son Comité d’étude des produits chimiques, composé de 31 experts, a recommandé lors de sa dernière réunion (qui s’est tenue à Paris du 28 mars au 1 avril 2011), d’inclure, dans l’Annexe III de la convention, les pesticides contenant 20% ou plus de Paraquat. Cette inscription à l’Annexe III a comme conséquence que l’on peut considérer que des pesticides contenant 20% ou plus de paraquat comme des préparations extrêmement dangereuses, octroyant de facto à tous les pays la possibilité d’interdire leur importation.

Cette demande émane du Burkina Faso suite à de très nombreux empoisonnements occasionnés par l’utilisation du produit Gramoxone Super de Syngenta (qui contient 20% de Paraquat). Lors d’une enquête effectuée dans ce pays, 296 empoisonnements liés à l’utilisation de pesticides ont été répertoriés, dont 20% étaient dues au Gramoxone Super. La plupart des agriculteurs locaux interviewés sont analphabètes, et donc dans l’incapacité de lire les instructions d’utilisation. Dans de nombreux cas, l’équipement de protection individuelle utilisé était insuffisant ou inexistant. Le port simultané de masques filtrant à cartouche, de gants, de bottes, de combinaison et de lunettes, tel que figurant dans les instructions d’utilisation, ne s’est concrétisé que dans 0.3% des cas

Le Comité doit maintenant rédiger une note décisionnelle, qui devra ensuite être validée par la Conférence des Etats signataires en 2013.

Les Limites Maximales de Résidus (LMRs)

La Commission Européenne vient de diminuer les niveaux maximum de résidus de 13 substances actives dont l’utilisation est interdite en Union Européenne, sur base de nouvelles preuves scientifiques qui montrent que les niveaux existants sont trop élevés pour être sûrs. Les pesticides concernés sont notamment l’endosulfan, l’EPTC, la simazine, le tetradifon, la triforine, l’adlicarb et le bromopropylate.

Cette modification des LMRs,effectuée sur base des recommandations de l’Agence Européenne de Sécurité Sanitaire (EFSA), montre que les avertissements lancés par les ONGs étaient fondés, d’autant que la Commission examine à présent la possibilité de réduire les LMRs pour un certain nombre d’autres pesticides : le captan, le carbendazim, la cyromazine, l’ethephon, le fenamiphos, le thiophanate-methyl et le triasulfuron.

L’EFSA dans la tourmente

L’organisation juridique environnementaleClientEarth et le Pesticide Action Network Europe (PAN Europe) viennent de déposer plainte auprès de la Cour Générale de l’Union Européenne contre l’EFSA (European Food Safety Autority), du fait de l’absence de transparence la manière dont les conseils de l’agence ont influencé les décisions européennes dans des dossiers relatifs aux pesticides. Dans ce cas précis, les conseils de l’EFSA permettront aux pesticides utilisés en agriculture d’atteindre le marché européen sans que les résultats des scientifiques indépendants ne soient pris en compte pour l’évaluation de ces molécules.

ClientEarth et le PAN Europe demandent à l’EFSA d’être transparente sur la procédure qui a été menée, de manière à comprendre comment de telles conclusions ont pu être formulées, et afin de s’assurer que les intérêts commerciaux n’ont pas influencé les réflexions de l’agence européenne.

Toutes les informations relatives à ce dossier sont reprises ici

Cette plainte est déposée alors qu’il y a quelques jours à peine, le groupe Earth Open Source a mis en évidence des liens entre les membres du panel scientifique de l’EFSA et l’Institut International des Sciences de la Vie (ILSI), qui mène des recherches d’évaluation des risques. Les protecteurs de cette institut incluent plusieurs compagnies majeures : BASF, Bayer, DuPont, Kraft, Monsanto et Unilever.

Le rapport de Earth Open Source (en pièce jointe de cet article) pointe les trop nombreuses similitudes entre les conclusions de l’EFSA sur la manière de réaliser des évaluations des risques et les recommandations de l’ILSI. Le rapport souligne par ailleurs le caractère « industry-friendly » de ces lignes de conduite.

Manque de transparence et conflits d’intérêts, voilà qui ne va pas aider l’agence européenne à remonter dans l’estime des citoyens européens.

http://www.endseurope.com/26031/eu-food-safety-agency-accused-of-industry-bias

Earth Open Source