Portail Santé-Environnement
http://www.sante-environnement/Velos-particules-autos-et-sante-des-mesures-s-imposent
Vie active - Transports
Vélos, particules (autos) et santé : des mesures s’imposent !
par Alain Geerts - 2 juin 2010

La presse (voir ici, ici et ici) vient de révéler récemment les résultats d’une étude belge relative à l’exposition aux particules fines de cyclistes et d’automobilistes dans une situation de trafic routier. Résultat : les particules empoisonnent plus les cyclistes que les automobilistes. Il est plus que temps d’agir !

Une étude récente [1] menée par des chercheurs belges indique, en résumé, que du fait d’une ventilation 4,3 fois plus élevée consécutive à l’exercice physique, les quantités de particules fines (PM10) et très fines (PM 2,5) sont de 6 à 9 fois plus élevées dans les poumons des cyclistes.

Les résultats préliminaires de cette étude, financée par la politique scientifique fédérale, sont disponibles ici sous l’intitulé SHAPES (pour Systematic analysis of Health risks and physical Activity associated with cycling PoliciES). Le rapport final est quant à lui attendu pour début 2011.

Ce que l’étude montre, c’est que dans une densité de particules données, un cycliste en plein effort sera plus affecté qu’un automobiliste.

Un test effectué en 2008 (dans le cadre de ce même programme) avait, lui, montré qu’un automobiliste dans une voiture sur autoroute subissait deux fois plus de particules fines qu’un cycliste roulant dans la rue de la Loi à Bruxelles. Les chercheurs avaient placé un appareil de mesure sur un vélo et l’avaient fait circuler dans trois endroits différents : le centre de Mol, la rue de la Loi et la rue Joseph II à Bruxelles. Ils ont aussi placé un appareil sur une voiture roulant sur l’autoroute en pleine heure de pointe.
A Mol, les scientifiques ont constaté la présence de 5.000 particules fines par m3. Dans la rue Joseph II, ce chiffre était estimé entre 20 et 30.000 particules.
Dans la rue de Loi, on recensait entre 30 et 50.000 particules fines avec des pics de 250.000 à proximité d’un bus.
Enfin, sur l’autoroute et dans la voiture, les capteurs ont enregistré 100.000 particules/m3.

Voilà qui relativise (un peu) les choses.

Les chercheurs précisent que l’utilisation du vélo reste bénéfique pour la santé (il ne faut donc pas le remiser au placard !), ce qu’un grand nombre d’études démontrent d’ailleurs.

Ce n’est pas le cas de l’auto : il est plus que probable qu’en moyenne, ce soit quand même l’automobiliste qui souffrira le plus des pollutions qu’il engendre du fait qu’il circulera majoritairement sur des voies qui lui sont dédiées. Et aucune étude n’a pu montrer que faire de l’auto était bénéfique pour la santé, que du contraire.

Une déduction simple et directe consistera à dire qu’il faut éviter au maximum de développer des infrastructures cyclables à proximité directe d’infrastructures routières très fréquentées (surtout en ville du fait des embouteillages). Pour aller plus loin, on pourrait imaginer que sur base d’une « cartographie des zones polluées en particules », on planifie les itinéraires vélo de manière à éviter les rues les plus polluées d’une part, et on assainit la ville en augmentant leur nombre et protégeant mieux des zones « low particules » d’autre part, l’objectif final (et probablement très lointain) étant que la ville (et ses habitants) soit protégée dans sa totalité. Une hiérarchisation rigoureuse des voiries sur cette base constituerait un outil de régulation de l’automobile assez efficace et garantirait la pratique des modes doux dans des conditions sanitaires décentes. Il va de soi qu’une ville deviendra d’autant plus agréable qu’elle aura développé des quartiers « assainis » (l’auto n’y serait pas nécessairement interdite, mais très fortement ralentie - 30 km/h maximum), càd adaptés aux piétons et cyclistes.

C’est, faut-il le dire, ce que beaucoup de plan de mobilité concoctés par des bureaux d’études sérieux préconisent et qui est malheureusement rarement suivi par les décideurs censés mettre en oeuvre lesdits plans, angoissés qu’ils sont de toucher à l’intouchable : l’auto et son conducteur-électeur.

Amis cyclistes (tout aussi électeurs, mais hélas moins nombreux - pour l’instant), ne vous laissez pas démonter par ces constats, que du contraire : utilisez-les pour améliorer votre mobilité quotidienne et saine en optant pour des itinéraires moins pollués et surtout en faisant pression sur vos responsables locaux pour qu’ils prennent les mesures ad hoc de protection de la santé de la population. Car pédaler (et marcher d’ailleurs) c’est l’avenir !

Amis automobilistes, utilisez parcimonieusement votre « char », le moins possible en ville, et enfourchez votre vélo : votre santé, votre moral et votre conscience vous en sauront gré ! Le règne de la voiture, c’est inéluctable touche à sa fin...

notes :

[1Exposure to particulate matter in traffic : A comparison of cyclists and car passengers, par Luc Int Panis, Bas de Geus, Grégory Vandenbulcke, Hanny Willems, Bart Degraeuwe, Nico Bleux, Vinit Mishra, Isabelle Thomas and Romain Meeusen, Atmospheric Environment
Volume 44, Issue 19, June 2010, Pages 2263-2270