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Institutions - Comprendre
Déclaration de Parme : paroles, paroles, paroles
par Valérie Xhonneux - 16 mars 2010

La Conférence ministérielle sur l’Environnement et la Santé qui se tenait à Parme vient d’accoucher de sa Déclaration officiellement signée par 52 [1] des 53 États membres de la région européenne de l’OMS.
Son manque flagrant de consistance déçoit les ONG d’environnement. « On parle, on parle et on n’agit pas. On ne fait rien pour réduire la pollution à la source. Il y a un fossé entre les données scientifiques dont nous disposons et les institutions qui évitent de parler des maladies et qui ne veulent surtout pas remettre en cause notre système économique », résume le Professeur Belpomme, président d’Artac [2].

Une declaration

Après moultes discussions et négociations, la Déclaration de Parme a donc été signée. Elle liste 6 défis à relever :
- les changements climatiques ;
- les risques sanitaires pour les enfants et les groupes vulnérables ;
- les inégalités socio-économiques et sexo-spécifiques ;
- la charge des maladies non transmissibles ;
- les inquiétudes suscitées par les produits chimiques nocifs persistants, perturbateurs du système endocrinien et bioaccumulatifs et les (nano)particules ;
- les ressources insuffisantes dans certaines parties de la Région européenne de l’OMS.
La participation des jeunes sera en outre encouragée et facilitée, et les investissements dans des technologies durables, respectueuses de l’environnement et favorables à la sante seront préconisés.

Des engagements

« L’engagement à agir » qui accompagne la déclaration définit les quatre axes selon lesquels des actions concrètes seront menées dans les années à venir. On ne manquera pas de souligner le fait qu’ils sont identiques à ceux prévus lors de la conférence de Budapest, en 2004, signe évident d’une stagnation inquiétante.

Ces axes d’action sont :

- protéger la sante des enfants, en améliorant l’accès à l’eau salubre et à un assainissement adéquat, en luttant contre l’obésité et les traumatismes, en améliorant la qualité de l’air intérieur et extérieur et en prévenant les maladies liées aux environnements chimiques, biologiques et physiques ;
- protéger la sante et l’environnement face aux changements climatiques ;
- la participation des enfants, des jeunes et d’autres parties prenantes ;
- la connaissance et les outils pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques.

Un nouveau cadre institutionnel

Un groupe de travail sera désormais chargé de l’application et du suivi du processus : l’Environment and Health Task Force (EHTF). Il regroupera les responsables des structures et mécanismes nationaux de mise en œuvre des 53 États membres de la Région européenne de l’OMS.

Ce groupe sera associé au Conseil ministériel européen de l’environnement et de la santé (CMES), organe politique porteur des positions internationales dans le domaine de l’environnement et de la santé.

Plus d’infos sur le site de l’OMS

« Cesser de parler pour agir »

« Nous avons un document suffisamment bon pour commencer le travail, il faut cesser de parler et agir », a déclaré Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe. On ne peut mieux dire : selon Genon Jensen, directrice de l’Alliance pour la Santé et l’Environnement (Heal), « La fréquence des maladies chroniques dégénératives telles que le cancer augmente chaque année et les maladies infectieuses traditionnelles sont susceptibles d’exploser avec les changements climatiques. Les substances chimiques de type « perturbateurs endocriniens » sont identifiées comme un enjeu majeur de la santé et de l’environnement : leur trouver des alternatives saines est une priorité incontournable ». Pourtant, ces perturbateurs endocriniens ont été les grands absents des débats de la conférence. « Nous soutenons la déclaration finale mais nous devons constater qu’il nous faut franchir une nouvelle étape », souligne André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé (Res) et membre de Heal.

Espérons que le second plan d’action européen environnement-santé, dont l’impulsion sera donnée lors la présidence belge de l’Union Européenne au deuxième semestre, sera plus résolument axé sur l’action et le souci d’obtenir des résultats concrets et rapides...

notes :

[1la Russie a en effet refusé de signer la déclaration, du fait d’un désaccord sur le nouveau cadre institutionnel proposé.

[2Association pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse