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Eau minérale ou eau du robinet ? Le débat fait rage... - Santé Environnement
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Vie active - Alimentation - Comprendre
Eau minérale ou eau du robinet ? Le débat fait rage...
- 29 janvier 2010

Le débat n’est pas neuf mais refait actuellement surface suite à la sortie d’études et prises de positions contradictoires. D’un côté, le docteur David Servan-Schreiber appuyé par le WWF et une liste de prestigieux signataires, dont le Prix Nobel Luc Montagnier, met en garde contre les nitrates, les pesticides et autres résidus médicamenteux présents dans l’eau courante. De l’autre, une étude universitaire allemande affirme que les bouteilles en plastiques libèrent des perturbateurs endocriniens dans l’eau minérale.

Nous vous invitons à lire le dossier que le magazine « Challenges » a consacré à cette question. Et nous vous proposons ci-dessous une interview de Jacques Neirynck, chercheur, écrivain et politicien suisse, auteur de « Scandales de l’eau en bouteilles » (éd. Favre) qui trouve aberrante la consommation de cette eau 1« 000 fois plus chère que celle qui coule du robinet ».

Pourquoi avoir choisi de traiter ce sujet de l’eau en bouteilles ?

Je me suis aperçu qu’en Suisse, la consommation d’eau en bouteilles est énorme. Les Suisses consomment entre 120 et 130 bouteilles d’eau par personne et par an. En France, il se consomme chaque année près de 10 milliards de bouteilles d’eau. Evidemment, cela a un impact écologique et économique considérable quand on sait que l’eau en bouteille coûte 1000 fois plus cher que l’eau du robinet.

Outre l’aspect économique, qu’y a-t-il d’aberrant dans le fait de consommer de l’eau en bouteille ?

D’abord l’aspect écologique : chaque litre d’eau en bouteille entraîne la consommation d’un demi-litre de pétrole. Ensuite, la plupart des consommateurs disent préférer l’eau en bouteille car plus saine et donc meilleure pour la santé. Or une étude à été faite à Neuchâtel qui démontre que l’eau en bouteille ou en bombonne est plus polluée que l’eau du robinet. L’eau du robinet contient en moyenne 10 bactéries et agents pathogènes au litre contre près de 200 000 pour l’eau en bouteille dans laquelle l’eau stagne. De plus, certaines eaux conditionnées dans des matériaux comme le PET (polyéthylène téréphtalate, NDLR) risquent une pollution élevée du fait que le PET, a contrario du verre, contient un métal toxique pour l’homme, l’antimoine.

D’un point de vue qualitatif, quelle différence existe-t-il entre eau en bouteille et eau du robinet ?

Aucune différence ! Dans les publicités Evian, on essaye de vous faire croire que boire de l’eau Evian retarde le vieillissement. Rien de tout cela n’est prouvé mais la publicité fonctionne bien. Les gens achètent cette eau en croyant « bien faire » pour leur santé mais il faut rappeler que l’eau en bouteille pour la table n’est que très faiblement chargée en minéraux. L’eau hautement minéralisée est avant tout utilisée pour soigner les maladies, dans les cures thermales par exemple. La plupart des eaux en bouteille sont d’ailleurs notées comme acratopèges, ce qui signifie qu’elles ne possèdent pas de teneur particulière en minéraux. Au final, autant boire de l’eau du robinet.
Comment la Suisse a-t-elle réagi à vos propositions au Parlement ?
Mal. En pointant du doigt les paradoxes de la consommation d’eau en bouteilles, j’ai remis en question l’existence même de toute industrie (Evian, Nestlé). D’un autre côté, en tant que membre de ce Parlement, je me devais de soumettre mes constatations. La Suisse souhaite depuis longtemps devenir une société plus verte qui tend vers un réel développement durable...
Etes-vous pour une interdiction totale de l’eau en bouteille ou pour une taxe ?
Dans l’état actuel des choses, je ne crois pas qu’il faille employer des mesures violentes. On n’arrêtera pas de boire de l’eau en bouteille du jour au lendemain, une interdiction est impossible. Mais il y a forcément un moment où l’on devra cesser la fabrication et la commercialisation de cette eau qui coûte extrêmement chère, notamment en pétrole. Actuellement, la seule mesure transitoire serait donc de taxer lourdement l’eau en bouteilles.

Que répondez-vous aux gens qui affirment que l’eau du robinet est imbuvable chez eux ?

Je veux bien les croire ! Il arrive que l’eau du robinet soit franchement mauvaise au goût mais là encore, c’est aux administrés d’exiger de la part de la commune des canalisations et un traitement de l’eau en bonne et due forme. Je trouve intolérable que les communes renoncent à une obligation qui est la leur depuis le XIXe siècle et qui consiste à rénover les circuits d’eau régulièrement. A l’époque, cela était obligatoire si on voulait éviter la propagation des maladies. Dans tous les cas, je pense que l’utilisation de l’eau en bouteilles devrait s’imposer uniquement en cas d’urgence (canalisations qui explosent, inondations etc.).

Interview de Elodie Bousquet publiée par le magazine « L’Express »