Qui sommes-nous? Suivez-nous sur Facebook
Notre environnement - Pesticides - Comprendre
Sortir des pesticides en 7 leçons
par Alain Geerts - 12 mai 2012

Les effets dévastateurs des pesticides pour la santé, en particulier chez les enfants, n’est plus à démontrer. Mais peut-on véritablement se passer de ces « produits phytosanitaires » censés accroître les rendements et faciliter le travail des agriculteurs ? Sortir des pesticides est loin d’être impossible, mais implique que les agriculteurs, les chercheurs, et les politiques soient capables de se remettre en cause. Voici comment sortir des pesticides, en sept leçons.

Un article de NOLWENN WEILER et SOPHIE CHAPELLE Paru sur Basta ! sous le titre : Pesticides : le changement, c’est pour quand ?

Dans le service pédiatrique qu’il dirige, au CHU de Montpellier, le professeur Charles Sultan constate tous les jours les effets dévastateurs des pesticides perturbateurs endocriniens. Ces molécules sont particulièrement redoutables pour les fœtus. « Chez les petits garçons, cela provoque notamment des malformations des organes sexuels. Chez les petites filles, on note une puberté précoce. Au-delà des problèmes psychologiques et sociétaux que cela pose, on sait que c’est un facteur de risque de cancer du sein », détaille le médecin. Les enfants d’agriculteurs sont particulièrement touchés. 28 % des nouveau-nés présentant une malformation génitale sont issus d’une famille d’agriculteurs alors que cette proportion descend à 14 % chez les autres, révèle une étude que le médecin a menée en 2002 sur plus de 2000 naissances. Des résultats confirmés par une deuxième étude en 2011 [1], dans un contexte où les agriculteurs commencent à se battre pour faire reconnaître le caractère professionnel de leurs maladies, après une longue omerta.

Depuis plus de dix ans, Charles Sultan alerte ses collègues et les responsables politiques sur le danger de ces perturbateurs endocriniens. Les effets sanitaires des pesticides auxquels sont exposé les fœtus ne se voient pas nécessairement à la naissance, ni même au cours de l’enfance ou de l’adolescence. Les problèmes peuvent surgir 20, 30 ou 40 ans après l’exposition. « Des effets transgénérationnels ont par ailleurs été récemment mis en évidence », précise Charles Sultan. Intervenant dans un congrès organisé au Sénat le 23 mars dernier par l’association Générations futures, il a lancé un cri d’alarme et appelé la France, premier consommateur européen avec 65 000 tonnes pulvérisées chaque année, à « une sortie des pesticides ». Le défi pourrait être relevé, à condition que le pays se prépare à une révolution agricole majeure.

1. Sortir des laboratoires pour sélectionner les plantes

« Il est très difficile, avec les variétés utilisées aujourd’hui en agriculture de se passer de pesticides », dépolore Marc Dufumier, agronome et professeur à l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement (agroParisTech). Les plantes d’aujourd’hui sont sélectionnées en laboratoire, loin des réalités des champs et des agressions du climat. « Elles ont des hauts potentiels de rendement, mais dans des écosystèmes très simplifiés, sans chenilles, sans champignons, sans acariens, etc. » La sélection génétique de ces plantes s’est faite très rapidement, dans la France d’après-guerre, à l’opposé de ce qui se pratiquait depuis des siècles en agriculture : « Les agriculteurs cherchaient leurs semences dans leurs propres champs. Ils prenaient les meilleures à chaque fois. Ils étaient les maîtres de leur sélection. Et la plante était adaptée, au fil des années et des siècles, à son environnement. »

Pour pouvoir cohabiter avec des insectes piqueurs-suceurs, elles s’étaient, par exemple, parées de poils. Tandis que leurs voisines, qui avaient à se protéger des chenilles, n’en avaient surtout pas, puisque cela aurait été l’endroit idéal pour pondre des œufs. Tout cela parfois au sein d’une même parcelle. Avoir des variétés paysannes multiples et extrêmement diversifiées, sur un même terroir, est une étape importante pour sortir des pesticides. Qui s’accommode mal avec la loi votée par nos députés en novembre dernier sur le certificat d’obtention végétale, qui supprime le droit de ressemer librement sa propre récolte sans verser de taxe.

Découvrez les 6 autres étapes sur le site de Basta !

notes :

[1Cette seconde étude dirigée par le Professeur Charles Sultan, publiée en 2011, montre que la fréquence des hypospadias (malformation de l’urètre) passe de 0,2 % à 8,2 % chez les garçons issus de « grands-mères distilbène », un médicament xéno-oestrogène considéré comme un modèle de l’action des pesticides perturbateurs endocriniens.

Voir aussi :
Glyphosate : La Wallonie interdit l’herbicide controversé !
par Lionel Delvaux - 8 juin 2017
L’interdiction d’utilisation du glyphosate par les particuliers entre en vigueur ce 1er juin en Wallonie ! Elle découle de l’arrêté adopté ce 30 mars (...)
Inter-Environnement Wallonie et Nature & Progrès saluent l’interdiction des herbicides pour les particuliers annoncée par le Ministre Borsus
par Valérie Xhonneux - 28 avril 2017
Ce 27 avril, le Ministre Borsus a annoncé son intention d’interdire la mise sur le marché des herbicides pour les usages par les particuliers, en ce (...)
Consultation publique sur le plan national « Pesticides » : les ONG aident le citoyen à aller à l’essentiel !
par Alain Geerts - 23 mars 2017
Glyphosate, pesticides perturbateurs endocriniens, dépendance aux pesticides, … autant de sujets très présents dans l’actualité qui préoccupent les (...)
L’avis de l’ECHA sur le glyphosate accueilli avec inquiétude par les ONG environnementales
par Fil d’infos et actualité - 16 mars 2017
Bruxelles, le 15 mars 2017 - Pour IEW et l’association européenne Alliance pour la santé et l’environnement (HEAL), la décision de l’Agence européenne (...)
Pesticides : les abeilles, victimes de contraception forcée
par Fil d’infos et actualité - 29 juillet 2016
Les néonicotinoïdes pourraient causer l’infertilité des abeilles mâles. Un dommage collatéral de cet insecticide qui est controversé, selon les (...)
Vente de pesticides et protection des particuliers : les jardineries se prennent un zéro pointé !
par Valérie Xhonneux - 14 juillet 2016
Des bénévoles d’Inter-Environnement Wallonie, Velt et Natagora se sont rendus dans près de 60 jardineries pour évaluer le respect de la législation (...)
Glyphosate : l’Europe s’enlise, la Wallonie avance !
par Alain Geerts - 7 juin 2016
Ce lundi 06 juin, l’Europe vient, pour la troisième fois, d’échouer à obtenir une majorité qualifiée pour autoriser la prolongation de commercialisation (...)
Pesticides agricoles et santé des riverains
par Lionel Delvaux - 25 mai 2016
L’imaginaire relatif au caractère idyllique de la vie dans nos campagnes s’est, ces dernières années, terni du fait de la prise en compte d’un nouveau (...)
Glyphosate : le vote du Parlement Européen inspirera-t-il la Commission ?
par Valérie Xhonneux - 23 avril 2016
Ce 13 avril, les députés européens votaient une résolution relative au glyphosate. D’abord votée en Commission Environnement, sous le copilotage de (...)
Déception : la Belgique soutient le renouvellement de l’autorisation du glyphosate, classé cancérigène probable pour l’homme
par Valérie Xhonneuxpar Alain Geerts - 5 mars 2016
Malgré un courrier circonstancié envoyé hier par une large coalition d’associations aux ministres belges concernés par le renouvellement au niveau (...)
 
fontsizeup fontsizedown
Participez au portail !
Actions
Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP