Tout retard à agir se paye en opportunités gâchées pour la prévention des maladies chroniques et la réduction des dépenses de soins.
Quinze porte-paroles associatifs de la coalition EDC-Free Europe se sont présentés aujourd’hui à la Commission européenne pour interpeller son Président, José Manuel Barroso, avec une immense affiche EDC-Free, et lui délivrer un appel à agir de toute urgence contre les perturbateurs endocriniens (PE).
La coalition EDC-Free Europe, composée de 50 partenaires représentant des centaines d’organisations de citoyens de l’UE [1], a fait assembler des dizaines de photos de ses activités de campagne à travers l’Europe pour reproduire, dans une affiche, le visage de Barroso. Nous lui demandons de faire avancer rapidement les propositions, sans cesse reportées, de politique communautaire sur les perturbateurs endocriniens (PE) afin de mieux protéger la santé publique et de prévenir les maladies chroniques. Les maladies chroniques associées aux PE constituent un défi majeur de santé publique et des pertes économiques considérables.
L’action d’aujourd’hui réitère un appel lancé dans une lettre à M. Barroso en mai de cette année [2]. Il appelle à mettre fin aux reports de l’action réglementaire sur les perturbateurs endocriniens et à adopter des mesures immédiates pour réduire l’exposition du public. Pour nos associations, ces délais sont inutiles et ne font que prolonger l’exposition du public à ces substances chimiques dangereuses. Les expositions quotidiennes à de faibles doses de perturbateurs endocriniens perturbent le système hormonal humain et sont associées à de nombreuses maladies chroniques graves dont l’incidence augmente en Europe, comme le cancer du sein.
« Par un vote du Parlement européen, la loi avait fixée l’échéance d’élaboration des critères scientifiques pour définir les perturbateurs endocriniens à décembre de cette année. La récente décision de la Commission européenne de lancer une “étude d’impact” préalable à l’élaboration des critères fait fi de cette échéance. Cette décision est un déni de démocratie et va à l’encontre des recommandations scientifiques ; il est, par ailleurs, surprenant que des critères scientifiques doivent se fonder sur une étude d’impact économique » dénonce Lisette van Vliet de HEAL, l’une des organisations de la campagne EDC-Free Europe.
Les scientifiques engagés activement dans la recherche sur les perturbateurs endocriniens ont adopté une position très claire : en mai 2013, 89 chercheurs de premier plan ont signé la Déclaration du Berlaymont sur les perturbateurs endocriniens, qui invite la Commission européenne à agir de façon urgente [3]. Dans ce document, ils énumèrent les pathologies associées aux PE : infertilité, malformations congénitales (et cancer des testicules), cancer du sein, cancer de la prostate, TDAH, obésité et diabète, entre autres.
Si les chercheurs en pointe s’accordent sur l’objectif de protection du public, il est fort probable que ce soit les arguments de l’industrie, plutôt que les controverses scientifiques, qui aient inspiré le report des décisions à la Commission (voir par exemple cet article).
En Octobre, les ministres suédois et danois de l’Environnement ont écrit à Janez Potocnik, le Commissaire européen à l’environnement pour exprimer leurs préoccupations sur le fait que l’étude d’impact annoncée prendrait en compte des critères socio-économiques ; ce que ne prévoit pas, selon eux, le champ d’application du règlement sur les produits biocides[Letter on EDCs to Commissioners Potocnik and Tajani from Swedish and Danish Ministers for the Environment, 30 October 2013, [Letter and ChemSec press release]] .
« HEAL estime que la Commission a en mains suffisamment de preuves scientifiques pour agir et ne pas se laisser intimider par l’industrie sur l’élaboration des critères. Elle doit publier une stratégie révisée dès que possible et veiller à ce que REACH n’autorise pas de substance chimique PE lorsque des alternatives plus sûres existent », conclut Mme van Vliet.