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Nanoparticules : le marché fonce les yeux fermés
Aujourd’hui, plus d’un millier de produits contenant des nanoparticules manufacturées ou produits à l’aide des nanotechnologies sont disponibles sur le marché. Conséquente à cette utilisation croissante, l’introduction non-intentionnelle de nanoparticules manufacturées dans l’environnement est elle-aussi en augmentation. Largement méconnus, les impacts de ces particules sur l’intégrité des écosystèmes sont identifiés au goutte à goutte, au fil des études réalisées sur ce thème. Et pourtant, la Commission Européenne avance à nano-pas sur la gestion responsable de cette technologie et de ses impacts.

Le 3 octobre dernier, la Commission Européenne a publié sa communication sur le deuxième examen réglementaire relatif aux nanomatériaux. Alors qu’un document préparatoire identifiait de nombreuses lacunes dans le cadre légal actuel [1], et donc en contradiction totale avec celui-ci, la Commission n’a proposé qu’une série limité d’amendements aux annexes du règlement REACH, totalement insuffisants pour fournir une information exhaustive et indispensable pour pouvoir juger des risques associés à l’utilisation de ces substances – et des précautions à prendre pour protéger la santé des citoyens européens.
Pourtant, à la lecture des données et études scientifiques qui ne cessent de s’accumuler, la situation demanderait une approche bien plus énergique. Ainsi, les résultats de la thèse de Rickard Arvidsson, réalisée au sein de la Chalmers University of Technology, et publiée au mois de septembre, montrent qu’en l’absence d’encadrement de l’utilisation du nano-argent dans les vêtements [2], de graves impacts sur les cultures pourraient être observés.
Rappelant dans son introduction les multiples exemples de l’histoire moderne lors desquels de nouvelles technologies ont causé des dommages pour la santé et l’environnement, considérés après coup comme inacceptables [3], le chercheur souligne également l’importance d’évaluer au plus tôt les risques associés à une nouvelle technologie, de manière à identifier les signaux d’alerte précoces permettant d’éviter ses effets dangereux.
A l’heure actuelle – et en dépit du bon sens – personne n’est en mesure de prétendre maîtriser les risques liés aux nanomatériaux. Qu’elles émanent de la société civile ou des parlements européen et parfois nationaux [4], toutes les demandes vont pourtant dans le même sens : pas d’innovation sur les nanos sans protection de la santé et de l’environnement ! Et, tant qu’à faire, on pourrait aussi prendre un peu de temps pour repenser à ce qu’on attend de cette innovation...
Télécharger la résolution de la Chambre belge de 2009
notes :
[1] Insuffisances de REACH, absence d’outil permettant de combler les lacunes des connaissances scientifiques, impossibilité pour les citoyens d’exercer leur droit de savoir quant aux dangers, risques utilisation des nanomatériaux
[2] Soit en limitant les quantités présentes par vêtements, soit en limitant le nombre de vêtements porteurs de ces substances
[4] Voir, en pièce jointe, la résolution de la Chambre belge de 2009
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