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Vie active - Alimentation - Comprendre
Le Danemark prêt à payer pour mieux manger
- 2 mai 2012

Le consortium EATWELL a étudié les actions politiques en Belgique, au Danemark, en Italie, en Pologne et au Royaume-Uni.

Au Danemark, les gens sont non seulement soucieux de ce qu’ils mangent, mais encore sont-ils prêts à payer davantage d’impôts pour mieux manger et être mieux informés sur leur nourriture. Ce sont les résultats d’une étude qui arrivent à point nommé, dans un contexte où le « bien manger » et les progrès de l’obésité deviennent un souci majeur dans le monde entier. Mais en dépit de ce souci, les actions politiques des gouvernements n’ont que rarement été évaluées. Ces résultats découlent des travaux du projet EATWELL (« Interventions to promote healthy eating habits : evaluation and recommendations ») financé par l’UE à hauteur de 2,5 millions d’euros via le domaine thématique « Alimentation, agriculture et pêche, et biotechnologies » du septième programme-cadre (7e PC). EATWELL étudie diverses politiques européennes visant à réduire l’incidence de l’obésité et à estimer les efforts que les gens sont prêts à faire pour être en bonne santé.

Des données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) montrent qu’en Europe, l’obésité est responsable de 10 à 13% des décès et de 2 à 8% du coût des soins. Au Royaume-Uni, on considère que la surconsommation de sel, de sucres et de graisses saturées, associée à une sous-consommation de fruits et de légumes, conduit à 70000 décès prématurés.

Ces chiffres surprenants ont conduit bien des États membres de l’UE à concevoir et mettre en place un ensemble de politiques en vue d’encourager un meilleur régime alimentaire, en faisant la promotion des fruits et des légumes et en décourageant la publicité de certains aliments auprès des enfants. Il s’agit notamment d’apposer un étiquetage nutritionnel, de travailler avec le secteur alimentaire pour améliorer la composition des aliments fabriqués, et de réglementer les cantines du secteur public pour qu’elles proposent des repas plus sains. Tous ces efforts sont positifs, mais beaucoup de ces actions politiques pêchent par défaut d’évaluation appropriée et systématique.

C’est le but du projet EATWELL, qui s’est attaché à examiner ces politiques pendant 36 mois, jusqu’en octobre 2012. Il vise notamment à passer en revue les actions politiques entreprises et à identifier les manques ainsi que les facteurs de réussite et d’échec de ces campagnes. Son but final est de proposer aux décideurs politiques des États membres de l’UE des directives de meilleures pratiques, ainsi que des informations venant du secteur privé et d’agences de communication afin de concevoir les interventions politiques appropriées pour encourager une alimentation saine en Europe.

Lors d’un récent atelier destiné à discuter les résultats obtenus par EATWELL, on apprenait ainsi que les consommateurs au Danemark voulaient manger plus sainement et étaient prêts à payer plus pour cela. « Les Danois ont l’attitude la plus positive envers les interventions économiques dans le domaine nutritionnel, et sont également prêts à payer davantage pour une alimentation plus saine », déclare Jessica Aschemann-Witzel, doctorante de l’université Aarhus des sciences sociales et commerciales du Danemark, qui a participé au projet.

Les partenaires du projet EATWELL ont évalué plus de 3000 consommateurs de 5 pays d’Europe, leur demandant s’ils étaient prêts à accepter « des interventions économiques nationales pour encourager une alimentation saine ». Près de 36% des Danois ont répondu qu’ils étaient prêts à payer plus d’impôts en échange de politiques favorisant la consommation d’aliments plus sains, et de plus d’informations sur ce qu’est une alimentation saine (16% seulement ont demandé une réduction des impôts). Pour les autres pays de l’étude, les résultats de cette même question tombent à 30% voire moins. L’écart est encore plus grand dans certains cas précis, par exemple une augmentation des impôts pour subventionner le prix d’aliments sains : près de 42% des Danois y sont favorables contre moins de 29% en moyenne pour les autres pays.

Les partenaires d’EATWELL ont constaté que l’une des raisons de cette différence tient à ce que les Danois ont une plus grande confiance dans leurs institutions publiques. « Les Danois ont souvent bien plus confiance dans leurs autorités publiques, et ils sont habitués à payer plus d’impôts. Par conséquent, ils ne sont pas aussi opposés que les autres à des changements dans ce domaine », explique Jessica Aschemann-Witzel.

Projet EATWELL

Improving policy interventions to promote healthy eating in Europe

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