Les consommateurs européens peuvent être exposés à une trentaine de résidus de pesticides différents, avec un risque non négligeable d’effets néfastes pour leur santé. Ce sont les salades, tomates, concombres et pommes qui contiennent, en moyenne, les doses les plus élevées de résidus de pesticides ayant des propriétés de perturbateurs endocriniens. Tels sont les résultats d’une analyse de la base de données de l’agence européenne de sécurité sanitaire (EFSA) réalisée par le Pesticides Action Network (PAN)-Europe et publiée sur www.disruptingfood.info
Pour rappel, les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances actives qui modifient le fonctionnement du système hormonal. Un grand nombre de preuves scientifiques ont établi un lien entre l’exposition à des perturbateurs endocriniens et des maladies chroniques comme la diminution de la fertilité, les cancers hormonodépendants (cancer du sein et cancer de la prostate), des lésions cérébrales, ou encore l’obésité et le diabète. Fait inquiétant, ces maladies sont en hausse dans toute l’Europe. Bien que certains progrès aient été accomplis avec l’interdiction de certaines substances dangereuses dans les produits de beauté, les biberons ou les jouets, les dangers des perturbateurs endocriniens dans les produits alimentaires restent étonnamment peu pris en compte.
Jusqu’à 30 résidus de pesticides perturbateurs endocriniens différents ont été trouvés dans la nourriture quotidienne des consommateurs européens. Certains produits, dont les poivres, en contenaient plus de 20, ce qui induit une exposition plus dangereuse encore en raison de « l’effet cocktail ». Les salades présentent les niveaux de contamination les plus élevés, suivies de près par les tomates, les concombres, les pommes et les poireaux.
Le PAN Europe a débuté ce 5 juin une campagne d’information via le site www.disruptingfood.info. Il recommande aux consommateurs et en particulier aux personnes vulnérables comme les enfants de privilégier, si possible, les produits biologiques et de remplacer en premier lieu les aliments généralement les plus contaminés. Un « guide du consommateur » publié sur le site présente quelques trucs très simples et pratiques à mettre en oeuvre dans la vie quotidienne pour réduire ce danger.
Une des principales lacunes de la réglementation actuelle sur les pesticides est l’absence de critères spécifiques permettant d’identifier officiellement les perturbateurs endocriniens. Les régulateurs ont en effet jusqu’à présent été lents à reconnaître les nouvelles connaissances scientifiques, notamment l’impact des faibles doses. Les débats sur ces futurs critères d’identification des perturbateurs endocriniens se poursuivront au niveau européen jusqu’en décembre 2013. Pour sa part, PAN-Europe lancera cet été de nouvelles actions impliquant les consommateurs.
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