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Vie active - Alimentation - Comprendre
De la santé publique à l’intox nutritionnelle... les végétariens défendent leur liberté de conviction !
par Alain Geerts - 21 octobre 2011

Un décret vient d’être publié rendant obligatoires des règles de composition des repas dans l’ensemble de la restauration scolaire publique comme privée. Ces règles imposent à six millions d’enfants en âge scolaire la consommation de la viande, du poisson, des produits laitiers et des oeufs. Ainsi manger les animaux devient une obligation légale ! Les citoyens végétariens [1] défendent donc leur liberté de conviction et se mobilisent pour défendre leur droit au choix alimentaire.

Des décrets analogues sont en préparation pour la quasi-totalité de la restauration collective en France, depuis la maternelle jusqu’aux établissements pour personnes âgées, en passant par les restaurants universitaires, les hôpitaux et les prisons. C’est ainsi que la loi française, sous couvert d’une mesure de santé publique, interdit l’expression concrète d’une conviction.

Une bonne nouvelle ? Pas pour les végétariens !

Un décret et un arrêté publiés au Journal officiel du 2 octobre dernier [2] imposent aux cantines scolaires le respect d’un ensemble de normes censées garantir l’équilibre nutritionnel des repas. Chaque repas doit obligatoirement comporter un « plat protidique », dont les protéines sont exclusivement d’origine animale (viande, poisson, œufs ou fromage), en ignorance de l’existence de sources abondantes de protéines végétales, ainsi qu’un produit laitier, supposé représenter le seul moyen de couvrir les besoins en calcium, en ignorance de l’existence d’alternatives végétales et minérales. Une fréquence minimum obligatoire de certaines viandes (bœuf, veau, agneau ou abats de boucherie) et de poisson est spécifiée.

Il sera donc désormais impossible pour les usagers réguliers des cantines d’être végétariens, c’est-à-dire de l’être tous les jours. Quant à être végétalien, ce ne sera pas possible ne serait-ce que le temps d’un seul repas.
L’enfant végétarien qui parviendrait malgré tout à laisser la viande sur le bord de l’assiette serait contraint de consommer des repas carencés ; aucune alternative équilibrée n’étant proposée.

Une attaque contre la liberté de conviction

De nombreuses personnes dans le monde ont la conviction profonde que la consommation des animaux et des produits de leur exploitation n’est pas légitime. Le végétarisme et le végétalisme sont l’expression concrète incontournable de cette conviction.

Le décret gouvernemental porte atteinte aux libertés individuelles fondamentales en restreignant le libre exercice des convictions personnelles tel qu’il est proclamé par les Nations Unies :
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté d’avoir une religion ou n’importe quelle conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, tant en public qu’en privé, par le culte et l’accomplissement des rites, les pratiques et l’enseignement [3].

Le traitement des animaux fait l’objet d’un débat d’opinion croissant en France, comme en témoigne la parution de plusieurs ouvrages récents mettant en cause, ou au contraire défendant, la légitimité de la consommation de la viande [4].

La volonté du gouvernement d’imposer dans ce contexte ses propres choix idéologiques et économiques est ouvertement admise :
Le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, a annoncé la mise en place d’un programme national pour l’alimentation qui vise aussi à freiner l’impact de certains discours, comme celui de l’ex-Beatle Paul McCartney qui a appelé en décembre, en marge du sommet de Copenhague, à une journée hebdomadaire sans viande pour lutter contre le réchauffement climatique. Cet appel avait suscité une levée de boucliers chez les éleveurs ... [5].

La poursuite d’un mensonge nutritionnel institutionnel

Depuis plusieurs années, à travers notamment des éditions successives du Plan National Nutrition Santé (PNNS) et de son visage public mangerbouger.fr, les pouvoirs publics diffament le végétarisme et le végétalisme.
Il est au contraire reconnu par de nombreuses autorités médicales et sanitaires dans le monde que l’on peut vivre, et bien, sans consommer de la viande et des produits animaux. Par exemple :
La position de l’Association Américaine de Diététique est que les alimentations végétariennes (y compris végétaliennes) bien conçues sont bonnes pour la santé, adéquates sur le plan nutritionnel et peuvent être bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies. Les alimentations végétariennes bien conçues sont appropriées à tous les âges de la vie, y compris pendant la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance et l’adolescence, ainsi que pour les sportifs [6].

Le débat sur la légitimité de l’exploitation des animaux est de nature philosophique, éthique et politique et doit pouvoir se poursuivre. Il n’est pas acceptable que l’État français, sous couvert d’une mesure de santé publique fondée sur des contre-vérités nutritionnelles, veuille interdire ce débat par la mise hors-la-loi de l’expression concrète d’une conviction.

Les végétariens se mobilisent

Des collectifs et associations végétariens s’organisent partout en France pour exprimer leur indignation face à ce décret, alerter l’opinion publique et contester les affirmations nutritionnelles diffusées par les pouvoirs publics.
Ils appellent toutes les personnes et organisations soucieuses de défendre la liberté de conviction, quelles que soient leurs propres positions concernant l’exploitation animale, à joindre leur voix à ces protestations.
L’Initiative Citoyenne pour les Droits des Végétariens a déjà contacté les Nations Unies en mai dernier pour signaler des épisodes concrets de discrimination à l’encontre de personnes végétariennes en France [7]. Si le décret n’est pas retiré, l’ICDV annonce une nouvelle plainte contre la France pour violation de la liberté de conviction.

Signataires :
ACTA (Bordeaux), Aquitaine Décroissance, ALARM (Marseille), Animal Amnistie (Toulouse), Animal Libre (Albi), Animalsace, Animavie, Les Animaux de Maurice, APSARES, Association pour un homme plus humain, Association Végétarienne de France, Avis (Toulouse), CABle (Besançon), CLEDA (Paris), CLAM (Montpellier), Collectif Diois pour l’égalité (Die), Convention Vie et Nature, Dignité animale (Lyon), Droits des Animaux, Fondation Brigitte Bardot, ICDV, L214, Mouvement socialiste écologiste autogestionnaire, One Voice, Nea (Rennes), Réseau Antispéciste Poitou-Charentes, Respect Animal (Lyon), Rêv’Animal, Revégez-vous (Rennes), Société végane, Végétariens Magazine, Veggie Pride, VegFest, VG56 (Morbihan), Vivants (Sedan).

notes :

[1Les végétariens comprennent les végétaliens et les vegans. Les simples végétariens ne mangent pas de chairs : ni viandes ni poissons. Les végétaliens refusent tous produits alimentaires d’origine animale, ce qui inclut les œufs et les laitages. Les vegans refusent d’utiliser des produits animaux également dans les domaines autres qu’alimentaire : ils ne portent par conséquent ni cuir, ni fourrure, n’utilisent pas de produits industriels testés sur des animaux, etc.

[2Décret n° 2011-1227 du 30 septembre 2011 et arrêté du 30 septembre 2011 (cf. tinyurl.com/DecretCantines). Ces textes font suite à la loi n°2010-874 du 27 juillet 2010 dite « loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche », qui dispose que : « Les gestionnaires, publics et privés, des services de restauration scolaire et universitaire ainsi que des services de restauration des établissements d’accueil des enfants de moins de six ans, des établissements de santé, des établissements sociaux et médico-sociaux et des établissements pénitentiaires sont tenus de respecter des règles, déterminées par décret, relatives à la qualité nutritionnelle des repas qu’ils proposent .... »

[3Déclaration sur l’élimination de toutes formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 25 novembre 1981, art. 1.1.

[4En particulier Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ? (Éd. de l’olivier, janvier 2011) ; Marcela Iacub, Confessions d’une mangeuse de viande - Pourquoi je ne suis plus carnivore (Fayard, mars 2011) ; Dominique Lestel, Apologie du carnivore (Fayard, avril 2011).

[5Dépêche AFP du 21/01/2010.

[7Voir sur le blog de l’ICDV.

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