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L’Europe approuve un maïs OGM. La Belgique, en s’abstenant, contribue à cette déplorable décision.
par Alain Geerts - 11 février 2014

La Commission européenne vient d’accorder l’autorisation à la culture du maïs génétiquement modifié TC1507. En effet, aucune majorité qualifiée n’a été atteinte ce 11 février 2014 pour ou contre cette proposition. Concrètement, 19 États membres ont voté contre cette proposition (dont la France, la Hongrie, l’Irlande, les Pays-Bas...), trois ont voté pour et six se sont abstenus (dont l’Allemagne, le Portugal, la République tchèque et la Belgique). Le commissaire européen à la Santé Tonio Borg avait pourtant été très clair dès l’ouverture du débat en invitant les Etats à prendre leurs responsabilités. « Si vous ne votez pas contre, alors vous êtes pour »… Il se dit par ailleurs que derrière tout cela se cache un autre dossier : il s’agirait de faire avaler les OGM pour faciliter le TAFTA…

Le maïs OGM TC1507 du groupe américain Pionner, va être autorisé à la culture dans l’UE malgré l’opposition de 19 pays, car les Etats membres ne sont pas parvenus ce mardi à réunir une majorité pour la bloquer, a annoncé la Commission européenne.
« La règle veut que si le Conseil (des Etats) ne prend pas de décision, la Commission européenne devra approuver la culture dans les prochaines 24 heures », a expliqué le service juridique du Conseil. Dix-neuf pays ont dit être contre cette autorisation, mais ils ne totalisaient que 210 voix lorsque la majorité qualifiée pour bloquer était de 260 voix.

Les abstentions de l’Allemagne (29 voix), de la Belgique (12 voix), du Portugal (12 voix) et de la République Tchèque (12 voix) ont manqué pour atteindre la majorité de 260 voix, selon le décompte fait par le Conseil. Cinq pays ont voté pour : Espagne, Royaume-Uni, Suède, Finlande et Estonie.

Pour rappel, et comme le précisait Nature & Progrès dans un récent communiqué, Pionner Hi-Bred, fabricant d’OGM, filiale du groupe américain Du Pont de Nemours, grand producteur de pesticides, cherche depuis 12 années à faire autoriser en Europe la culture de son maïs génétiquement modifié TC 1507. Ce maïs est résistant au glufosinate d’ammonium (ne pas confondre avec le glyphosate, principe actif du Roundup, de Monsanto). Cet OGM contient donc ce glufosinate.
Le glufosinate d’ammonium est une « tondeuse chimique », un herbicide desséchant, dont l’effet est de brûler la « mauvaise herbe » et pour lequel l’autorisation - ainsi que l’autorisation de tous les herbicides dont il est le principe actif - court jusqu’à octobre 2017. Une réévaluation complète de ce produit sera alors indispensable en cas de nouvelle demande d’autorisation. Or, le glufosinate étant classé comme produit toxique pour la reproduction, une forte probabilité existe- en vertu du règlement européen 1107/2009 - qu’il ne soit jamais ré-autorisé ! Rappelons que les effets par ingestion des herbicides du type glufosinate sur la santé animale et humaine n’ont jamais été étudiés, ce que dénonce Nature & Progrès depuis de nombreuses années. L’Europe s’apprête donc à commercialiser un OGM qui contient un herbicide sans en avoir étudié l’impact sur la santé et l’environnement.

L’appel lancé par Nature & Progrès (et les nombreux signataires de la pétition) aux autorités belges (les Ministres Laruelle, Wathelet et Onkelinx) n’a donc pas été entendu.
Pendant que le monde politique, émoustillé par un buzz relatif à une étude sur une potentielle taxe routière, passe son temps à communiquer tous azimuts de peur des électeurs pro-bagnoles et anti-taxes, des décisions nuisibles à la santé de la population se prennent à l’Europe avec le soutien (même si c’est par défaut) de la Belgique.

Faire avaler les OGM pour faciliter le TAFTA

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L’Europe a jusqu’ici bien résisté aux semences OGM. « Le maïs MON810 est le seul OGM à être autorisé à la culture », rappelle Eric Meunier (de l’ONG InfO’GM). Il l’a été en 1998, avant la première mandature de José Barroso, président de la Commission. « Celui-ci voulait autoriser massivement les OGMs mais il a échoué », se félicite Corinne Lepage.

L’autorisation de la semence de Pioneer ne devrait pas faire beaucoup bouger les lignes. La plupart des pays de l’Union européenne qui comme la France ont interdit le MON810 (l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, la Grèce, la Hongrie, l’Italie, le Luxembourg, la Pologne et la France) devraient en effet s’opposer à la mise en culture du nouveau maïs. « En l’autorisant, contre l’avis du Parlement européen qui s’est prononcé le 16 janvier, le Président de la Commission européenne tient à envoyer un message fort en direction des pro-OGM, alors que les négociations sur le traité de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis vont recommencer un nouveau round », analyse la députée européenne.

Les opposants aux OGM craignent en effet de se voir imposer par le biais de ces négociations les semences dont ils ne veulent pas. Le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, connu pour être en faveur des OGM, a annoncé qu’il aimerait rester cinq années de plus à son poste pour boucler les négociations. « Et je n’imagine pas malgré les dénégations de la Commission que les semences génétiquement modifiées soient absentes des négociations étant donné l’importance qu’elles revêtent aux yeux des Américains  », indique Corinne Lepage.