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Les coûts sanitaires effarants du bisphénol A
par Valérie Xhonneux - 27 janvier 2014

Les conclusions de la première étude menée sur les coûts sanitaires du bisphénol A (BPA) [1] laisse peu de place au doute : il est indispensable et urgent que l’Union Européenne interdise l’utilisation de BPA dans les contenants alimentaires !

Cette étude, menée aux Etats-Unis et publiée dans Health Affairs, indique que retirer le BPA de ses applications en lien avec l’alimentation pourrait prévenir 6.236 cas d’obésité infantile et 22.350 cas de maladies cardiaques par an aux Etats-Unis avec un bénéfice économique potentiel de l’ordre de 1,74 milliard de dollars (1,28 milliard d’euros). Et les coûts réels associés au BPA sont très certainement bien plus élevés encore puisque cette étude se focalise sur deux maladies liées à une exposition via les produits alimentaires alors que la substance, produite à plus d’un million de tonnes chaque année, se retrouve dans bien d’autres applications [2].

Tant l’Union Européenne que les Etats-Unis ont décidé de bannir le BPA des biberons en plastique. Mais malgré l’accumulation des liens mis à jour entre l’exposition à cette substance et des dommages au niveau de la reproduction, du système nerveux, du système immunitaire, du système cardiovasculaire et du métabolisme de manière générale, ni l’un ni l’autre ne semble se décider à légiférer pour les autres contenants alimentaires.

Les auteurs de l’étude indiquent que si d’autres données sont nécessaires, les bénéfices sanitaires et économiques qui découleront d’une telle mesure dépasseront probablement les coûts liés à l’utilisation d’une alternative plus sûre au BPA.

Les associations de protection de la santé, sous l’égide de HEAL et par l’intermédiaire de la campagne EDC Free Europe [3], estiment que cette étude doit impulser auprès de la Commission européenne une remise en question de sa politique actuelle et ce dans les différents textes qui encadrent l’utilisation du BPA (notamment REACH, le règlement sur les contenants alimentaires et le règlement pesticides). Il est inacceptable que les organes régulateurs, sous prétexte d’une crise économique, ne prennent en considération que les intérêts économiques à court terme et refusent d’imposer aux industries une dynamique de substitution du BPA – et des autres substances chimiques perturbants le système hormonal.

notes :

[1Le BPA est une substance chimique utilisée dans la production de plastique polycarbonate et du revêtement intérieur des contenants alimentaires en aluminium. Il est largement considéré comme ayant des propriétés de perturbation du système endocrinien bien qu’il n’ait pas encore été reconnu comme tel par l’Union Européenne

[2Si l’alimentation est la source majeure d’exposition au BPA, les mastics dentaires et les papiers thermiques constituent d’autres sources d’exposition

[3Cette campagne plaide pour une prise en compte des avantages sanitaires, sociaux et économiques comme un tout par la Commission Européenne lors de la définition de ses mesures régulatrices sur les perturbateurs