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Quelle tactique quand les tiques attaquent ?
par Fil d’infos et actualité - 10 avril 2014

Tout qui pratique la randonnée (ou d’autres activités) en pleine nature n’a pu échapper aux tiques, ces bestioles peu ragoûtantes qui se gavent de sang. Elles sont de plus en plus nombreuses. Et cette année, à cause de l’hiver doux, il ne fait aucun doute pour les spécialistes qu’elles vont proliférer. Si, pour beaucoup ce parasite n’est célèbre que pour les discussions sur les multiples trucs et astuces pour arriver à s’en débarrasser, de plus en plus font la très désagréable expérience d’avoir à se soigner suite une atteinte de la maladie de Lyme dont la vilaine bête est le principal vecteur. Face à l’augmentation de l’occurence de cette maladie, des chercheurs se mobilisent pour attirer l’attention de la population et du corps médical sur les risques d’une sous-estimation du nombres de personnes atteintes et de la « gravité » de cette maladie quand elle n’est pas diagnostiquée rapidement. Le point en commençant par quelques conseils pratiques.

Les tiques seraient responsables d’un millier de cas de maladie de Lyme chaque année en Belgique, mais, selon la Dr Valérie Obsomer, ces chiffres sont sous-estimés. L’analyse d’une étude récente de l’Institut de Santé Publique permet d’estimer le nombre de cas à 15000 par an, ce qui se rapproche des 22000 cas annuels recensés aux Pays-Bas. Il est donc de la plus grande importance de tenter d’éviter de se faire infecter par la « bestiole ».

Que faire ?

Eviter la morsure est le meilleur moyen d’éviter tout problème. Comment ? En restant sur les chemins dans les zones boisées lors des balades en forêt, en évitant les fougères, les zones herbeuses près des bois et les souches ou troncs d’arbres. Mais aussi en protégeant les parties du corps exposées (pieds, chevilles, jambes). N’oubliez pas qu’elles grimpent dans les arbres, jusqu’à 2 m et peuvent se laisser tomber dans les cheveux. Se couvrir la tête vous protègera du soleil et des tiques...

Un moyen assez simple pour déterminer s’il y a des tiques dans votre gazon - oui, les tiques ne fréquentent pas que les bois et on estime à 30% le nombre de cas de maladies de Lyme contractés par des tiques dans les jardins, à l’école, dans les plaines de jeux - il vous suffit de traîner un grand drap blanc sur le sol. Les points noirs qui s’y accrochent sont très souvent des tiques (veillez à bouillir le drap pour vous en débarrasser ou le laisser au soleil dans un sac en plastic).
Aussi, pour les personnes dont le jardin est infesté : couper l’herbe très courte (les tiques ont besoin d’humidité) et créer une zone tampon entre la pelouse et des parties plus boisées. Si vous avez des poules, laisser les courir dans la pelouse : elles peuvent manger jusqu’à 80 tiques par jour.

Une fois les activités terminées, veillez à changer de vêtements (les tiques se promènent parfois jusqu’à une heure sur une personne avant de choisir l’endroit de morsure), à vous examiner attentivement partout après la promenade et à enlever au plus vite la (les) tique(s) (sans mettre de produit dessus car cela peut la faire régurgiter et injecter les pathogènes). Attention, si vous avez du satisfaire un besoin urgent, veiller à inspecter la totalité de votre corps !

Un problème sous-estimé

Un article récent (http://www.parasitesandvectors.com/content/6/1/190/) démontre trois faits importants : 1) les tiques vectrices se trouvent un peu partout sur le territoire dans les zones de végétation naturelle (même dans la zone côtière, les jardins ou dans le parc royal à Bruxelles), 2) sont parfois très abondantes localement - le Dr Obsomer en a identifié 15/m2 à l’orée d’un bois à Louvain-la-neuve, en ce début de printemps et 3) elles contiennent de nombreux pathogènes autres que la maladie de Lyme. Un triple constat qui fait dire à Valérie Obsomer que le problème est « très sous-estimé » en Belgique, « et ce, parce que le système de surveillance qui est mis en place pour l’instant ne permet pas de surveiller vraiment ce qui se passe. On n’a pas vraiment une bonne idée du nombre de cas de maladie de Lyme en Belgique. »

Pour appuyer son constat, la scientifique se base sur les chiffres disponibles aux Pays-Bas. En 2010, les estimations en Belgique oscillaient entre 500 et 1 200 cas, selon les méthodes de comptage. La même année, aux Pays-Bas, on a dénombré 22 000 cas et les chiffres sont en constante augmentation. Le phénomène s’arrêterait-il donc à la frontière ? Des chercheurs néerlandais ont également pu démontrer qu’il y avait une augmentation du nombre de tiques et que 20% des tiques en moyenne étaient infectées. Chez nous le chiffre moyen est de 10% mais s’élèvent jusqu’à 30% et plus dans certaines régions. Le temps de délai avant infection est aussi réduit à quelques heures si la quantité de pathogènes dans la tique est élevée.

Pourtant, officiellement, il ne serait pas question de hausse chez nous. D’où l’appel de la scientifique à une révision du système de surveillance, une meilleure étude du phénomène et une plus grande sensibilisation de la population. Aux Pays-Bas, les citoyens qui se font mordre par une tique peuvent signaler l’endroit où la morsure est survenue. Et parallèlement à cela, une vaste enquête est menée tous les trois/quatre ans auprès des médecins néerlandais pour leur demander de communiquer le nombre d’érythèmes diagnostiqués en un an. Dans l’attente de l’instauration d’un système de surveillance similaire en Belgique, la scientifique a décidé de prendre les devants en demandant à la population d’indiquer le lieu où l’on a été mordu par une tique (même si c’était il y a plusieurs années). Si cela vous arrive, signalez-le à l’adresse www.tekentiques.net. Elle demande également aux médecins de signaler le nombre annuel de personnes mordues ou avec érythèmes annuellement dans leur cabinet. L’enquête lancée il y a une dizaine de jours a déjà récolté 1300 réponses. Les premiers résultats seront disponibles sur le site à partir du 15 septembre.

Traiter les maladies au plus vite

Le symptôme le plus fréquent d’une morsure de tique est l’érythème migrant ou, plus familièrement, la tâche rouge qui va s’étendre jusqu’à 8 cm de diamètre et parfois beaucoup plus. Selon les recommandations européennes, un érythème présent dans une région exposée aux tiques est suffisant pour le diagnostic et ne nécessite pas de test de laboratoire. Il est essentiel de traiter la maladie au plus tôt avec des antibiotiques adaptés pour obtenir une guérison complète.

Mais trois problèmes se posent au moment du diagnostic :
1) dans 37 % des cas l’érythème n’apparaît pas. "Or, si on ne traite pas les personnes rapidement, des symptômes plus sérieux peuvent se développer tels que la paralysie de la moitié du visage, l’arthrite du genou ou des problèmes cardiaques aigus qui sont typiques de la maladie de Lyme. Ce qui est moins connu du public c’est que certains patients présentent seulement des symptômes non spécifiques et très difficiles à diagnostiquer, comme des fatigues chroniques. Des symptômes sur lesquels il est très difficile de mettre une étiquette maladie de Lyme. »,
2) Les tests laboratoires pratiqués en Belgique montrent aussi quelques limites. «  Ils ne détectent pas toutes les espèces de Borréliose de Lyme présentes dans notre pays. Sans oublier que ces mêmes tests sont négatifs les premières semaines de l’apparition de l’érythème,
3) Finalement, les autres maladies sont très rarement envisagées dans le diagnostic pourtant dans certaines zones jusqu’à 6 pathogènes différents sont présents dans les tiques et parfois jusqu’à trois dans la même tique. L’anaplasamose (ehrlichiose) et les rickettsies sont très présentes dans les tiques et ce partout sur le territoire mais rarement diagnostiquée. Les antibiotiques prescrit contre la Borréliose de Lyme agissent aussi sur ces pathogènes mais ils ne seront pas détectés ni soignés si l’érythème n’est pas présents ou les tests de Borréliose sont négatifs.

Comme les mesures de prévention ne suffisent pas à enrayer l’augmentation du nombre de cas, une étude scientifique vient d’être lancée pour évaluer l’intérêt d’utiliser des antibiotiques en mesure de prophylaxie après chaque morsure de tiques aux Pays-Bas.

Jusqu’à la perte de la vue

Certains malades, interrogés par la scientifique, ont fait mention d’une perte de la vue, quasi totale pour l’un d’entre eux, qui a pu être progressivement récupérée pour un autre. D’autres ont fait état de sclérose en plaques atypique, de maux de dos, de douleurs pelviennes aiguës, de névralgies, de problèmes cardiaques, etc. Tous les médecins ne s’accordent pas sur le traitement, explique Mme Obsomer. Deux courants s’affrontent : « Un courant qui pense que les cas chroniques sont rares, nécessitent un traitement antibiotique limité et présentent des séquelles post-Lyme qui ne sont pas traitables. Et un groupe de médecins, et notamment le groupe Chronimed du professeur Luc Montagnier (prix Nobel), qui pense que de nombreuses maladies chroniques peuvent avoir comme origine des maladies transmises par les tiques et qui développe d’autres types de traitements, souvent antibiotiques, à long terme jusqu’à la rémission (quasi) complète du patient. Dans ce contexte, les personnes mordues par des tiques peuvent également préciser les symptômes développés après la morsure de tique sur le site de l’enquête. »

Que faire ?

Eviter la morsure est le meilleur moyen d’éviter tout problème. Comment ? En restant sur les chemins dans les zones boisées lors des balades en forêt, en évitant les fougères, les zones herbeuses près des bois et les souches ou troncs d’arbres. Mais aussi en se protégeant les parties du corps exposées (pieds, chevilles, jambes), en changeant de vêtement après la promenade (les tiques se promènent parfois jusqu’à une heure sur une personne avant de choisir l’endroit de morsure), en s’examinant après la promenade et en enlevant au plus vite la tique (sans mettre de produit dessus car cela peut la faire régurgiter et injecter les pathogènes).
Pour les personnes dont les jardins sont infestés : couper l’herbe très courte (les tiques ont besoin d’humidité) et créer une zone tampon entre la pelouse et des parties plus boisées, certaines personnes aux Etats-Unis laissent courir des poules dans la pelouse (peuvent manger jusqu’à 80 tiques par jour), passer un tissu blanc molletonné pour vérifier qu’il n’y a pas de tiques (prenez soin de bouillir le drap par après ou enfermé le dans un plastic laissé au soleil.

Un texte de Valérie Obsomer.

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