Qui sommes-nous? Suivez-nous sur Facebook
Notre environnement - Agents chimiques - Comprendre
Perturbateurs endocriniens : le temps de l’action
par Alain Geerts - 19 juin 2013

Le jour de la réunion qui doit sceller le sort de la Stratégie Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens (SNPE), 27 organisations de la société civile française publient un Manifeste et une pétition publique, appelant le gouvernement à adopter une stratégie ambitieuse de réduction des expositions des populations et des écosystèmes aux perturbateurs endocriniens. Cette démarche est soutenue par HEAL, la coupole européenne en matière de santé environnementale.

Depuis février 2013, la SNPE fait l’objet de négociations en table ronde réunissant divers acteurs publics et privés. Ce processus a été mis en place alors que l’Union européenne se mobilise sur le sujet, notamment dans le cadre des nouvelles législations sur les pesticides et biocides, et après une décision annoncée dans le cadre de la conférence environnementale de septembre 2012. Il fait suite aux premières mesures adoptées en France contre le bisphénol A et permises par une convergence d’opinions entre les parlementaires français de droite comme de gauche, la société civile, les chercheurs et les experts de l’Anses. A priori, le gouvernement peut donc s’appuyer sur ce consensus pour élaborer une SNPE à la hauteur des enjeux de santé publique et de protection de la biodiversité confirmés par le récent rapport conjoint de l’Organisation Mondiale de la Santé et du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement.

Pourtant, à mesure que les négociations avancent, les ambitions gouvernementales semblent reculer. Plusieurs signaux inquiètent les associations qui participent aux négociations :

- Alors que Delphine Batho annonçait en décembre dernier des mesures réglementaires sur les phtalates comme un des résultats possibles de la SNPE, les négociateurs gouvernementaux rechignent à reprendre cet engagement dans le texte. De même la logique voudrait que le BPA fasse l’objet de restrictions supplémentaires sur le papier thermique puisque le dernier rapport de l’Anses établit sans ambigüité les risques liés à l’exposition cutanée chez les femmes en âge de procréer ; pourtant là encore, aucune proposition concrète.

- Six mois après l’entrée en vigueur de la loi sur le BPA dans les contenants alimentaires, le décret d’application sur l’étiquetage obligatoire des produits dans la période intérimaire n’est toujours pas paru, ni même fait l’objet d’une consultation spécifique.

- Après avoir été précurseur, la France renvoie toute mesure de réglementation vers les instances européennes malgré l’évidente situation de blocage dont témoignent les positions répétées de l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) ou de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), en déni du changement de paradigme toxicologique de la perturbation endocrinienne.

- Plus grave, la France ne tient pas son rôle dans les négociations européennes actuelles qui visent à établir des critères d’identification des PE et à fixer leur sort réglementaire (maintien ou non sur le marché). Il en ressort que la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la DG Sanco de la Commission européenne, l’EFSA et les industriels (chimie, pesticides, cosmétiques) ont les mains libres pour saper les bases de toute régulation pertinente des PE.

Ensemble contre les PE - Une large coalition d’organisations de la société civile dont des associations de protection de l’environnement et de promotion de la santé, des mutuelles, des syndicats et des associations de consommateurs ont donc décidé de publier une pétition publique adossée à un manifeste pour réaffirmer la nécessité d’agir vite et de manière conséquente sur les perturbateurs endocriniens.

Pour nos organisations, l’accent doit être mis sur la réduction des expositions des populations, en particulier des femmes enceintes ou en âge de procréer, et des écosystèmes aux perturbateurs endocriniens par l’adoption de mesures réglementaires sur les PE déjà identifiés dont retrait des pesticides et biocides PE du marché. La SNPE doit faire de l’innovation et de la substitution une priorité, par la promotion de la chimie verte et des alternatives non chimiques, (en priorité, cosmétiques, jouets, alimentation, dispositifs médicaux) et la mise en œuvre d’une politique exemplaire d’approvisionnement de l’Etat et des collectivités.

La SNPE doit également favoriser la mobilisation et la formation de tous les acteurs pertinents de prévention ainsi qu’une information claire du public pour renforcer sa capacité à faire des choix de consommations éclairés.

Enfin, pour renforcer, adapter et pérenniser les moyens de l’expertise et de la recherche publiques sur les PE, il parait nécessaire d’entamer une réflexion sur la contribution financière des entreprises génératrices (ex : chimie, agrochimie) ou vectrices (ex : agroalimentaire, fabricants de biens de consommation) de risques chimiques.

Liens utiles :

Site Ensemble contre les PE : www.stop-aux-pe.org

Pétition sur Change.org : http://www.change.org/StopPE

Source : le site du Réseau Environnement Santé

Voir aussi :
REACH : la mise en œuvre décevante d’un règlement exemplaire
par Valérie Xhonneux - 8 juin 2017
Dix ans après son entrée en vigueur, la réglementation REACH a montré un potentiel d’impact élevé, mais qui se concrétise encore insuffisamment dans la (...)
MENACE SUR LE CERVEAU – Agir pour protéger les enfants des produits chimiques qui menacent le développement cérébral
par Valérie Xhonneux - 7 mars 2017
CHEM Trust publie aujourd’hui un rapport qui montre comment les produits chimiques présents dans l’alimentation et les produits de consommation (...)
Perturbateurs endocriniens : nouvel échec de Bruxelles
par Fil d’infos et actualité - 1er mars 2017
La Commission européenne renonce, pour la troisième fois, à soumettre au vote son projet de réglementation de ces produits chimiques dangereux (...)
Pollution de l’air : au-delà de la météo, agir enfin sur les causes !
par Céline Tellier - 8 décembre 2016
La Belgique subit depuis ce mardi un pic de pollution sur l’ensemble de son territoire. Inter-Environnement Wallonie tient à rappeler qu’au-delà (...)
Duel de réputation : Bayer / Monsanto
par Alain Geerts - 6 octobre 2016
« La fusion entre la firme allemande Bayer, celle qui a inventé l’aspirine, et l’américain Monsanto étonne. Si Bayer a bonne réputation, celle de (...)
Soirées : « Agir pour la santé dans l’environnement »
par Valérie Xhonneux - 4 octobre 2016
Notre santé et celle de l’environnement sont intimement liées. Nos conditions et modes de vie ont un impact sur notre environnement (pollution de (...)
Participez d’ici le 28 juillet à l’enquête publique sur les perturbateurs endocriniens
par Valérie Xhonneux - 18 juillet 2016
Le 15 juin, la Commission Européenne a présenté sa proposition de critères d’identification des perturbateurs endocriniens. Adoptés tels quels, ils ne (...)
Glyphosate : le principe de précaution jeté aux orties
par Valérie Xhonneux - 1er juillet 2016
La Commission a annoncé ce 28 juin qu’elle prolongeait pour 18 mois l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate. Si la déception est de mise (...)
Le Ministre Borsus entendra-t-il ses parlementaires : la Belgique ne doit plus autoriser le glyphosate !
par Valérie Xhonneux - 27 juin 2016
Depuis plusieurs mois, la saga autour du glyphosate fait rage, et nous avons pu observer les passes d’armes entre les autorités européenne, fédérale (...)
Perturbateurs endocriniens : les ministres DOIVENT, ce vendredi, obliger la Commission à se conformer à la décision de la Cour de Justice !
par Valérie Xhonneux - 4 mars 2016
Ce vendredi 4 mars a lieu le Conseil des ministres de l’environnement européen. Son agenda prévoit un point de discussion sur les critères (...)
 
fontsizeup fontsizedown
Participez au portail !
Actions
Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP