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Cancer du sein : pétitions pour un dépistage efficace
par Alain Geerts - 13 mars 2010

Le projet de l’Inami de supprimer le remboursement du dépistage individuel, pour n’autoriser que le mammotest, une fois tous les deux ans, pour les femmes de 50 à 69 ans irrite médecins et patient(e)s. Be.Seno, un groupe de travail belge réunissant des radiologues et des cliniciens francophones et néerlandophones font des propositions alternatives dans « un plaidoyer pour un dépistage efficace ». Deux pétitions mettant en question le projet de l’INAMI, l’une « Médecins », l’autre publique sont actuellement en ligne.

Se basant sur l’avis de CCR (Centre Communautaire de référence) chargé de coordonner les programmes de dépistage du cancer en Communauté française et selon lequel « le mammotest (mammographie réalisée dans le cadre d’un programme d’assurance de qualité) est le seul examen recommandé par les experts cancérologues et les experts en santé publique », l’Inami souhaiterait supprimer le remboursement du dépistage individuel, pour n’autoriser que le mammotest, une fois tous les deux ans, pour les femmes de 50 à 69 ans. Il pourrait, en outre, y avoir des restrictions pour le remboursement du dépistage chez les femmes âgées de moins de 50 ans et de plus de 70 ans si elles n’ont pas de facteurs de risque.

Actuellement, la majorité des femmes francophones qui se font dépister recourent au bilan sénologique, un dépistage individuel, sur prescription médicale, qui intègre un examen clinique, une mammographie, voire une échographie si les seins sont denses (113 euros dont 20 à charge de la patiente). Mais les autorités sanitaires entendent limiter drastiquement le remboursement de ce type de dépistage, afin de promouvoir le recours au mammotest, qui consiste à pratiquer un double radiographique sur chaque sein (58 euros, intégralement remboursés)…

« C’est consternant, argumente Anne-Pascale Schillings, raidiologue et sénologue à la clinique St Pierre à Ottignies, car cela revient à imposer une formule de dépistage anachronique, aux résultats décevants… Les médecins que nous sommes ne peuvent cautionner un programme qui expose 30 % des femmes à un taux inacceptable de faux diagnostics négatifs. »


Pour Be. Seno, l’opposition à la généralisation du mammotest s’explique par une seule raison
 : son manque de sensibilité dans les seins denses. Il faut savoir que l’aspect des seins à la mammographie est très variable d’une femme à l’autre. Le sein est toujours composé de graisse et de glande, mais qui se disposent en proportions différentes chez chaque femme. Quand le sein est composé en majorité de graisse, le sein est dit « clair » , et la mammographie décèle facilement les cancers. Par contre, quand le sein contient peu de graisse, mais est riche en glande, il est qualifié de « dense » en mammographie, et les cancers sont beaucoup plus difficiles à détecter. Le mammotest est donc efficace pour les 70 % de femmes qui ont des seins « clairs », mais beaucoup moins sensible pour les 30 % des femmes qui ont des seins « denses ». Quand les seins sont denses, les études scientifiques ont montré que 30 à 60 % des cancers sont invisibles en mammographie, mais peuvent, par contre, être décelés par une échographie complémentaire. Or, le risque de cancer du sein est plus important chez les femmes qui ont les seins denses (le risque est multiplié par 2 à 4). Cette sensibilité insuffisante du mammotest dans les seins denses explique le taux élevé de cancers d’intervalle, c’est-à-dire des cancers qui se manifestent par un symptôme (tumeur palpable) avant le dépistage suivant. Leur taux est de 30 % la première année qui suit le mammotest et de 50 % la deuxième année. En d’autres termes, précise encore le D r Schillings, près de la moitié des cancers « sont ratés » par le dépistage. « Il s’agit parfois de vrais cancers d’intervalle, c’est-à-dire de la petite proportion de cancers qui, en raison de leur agressivité particulière, peuvent se développer rapidement, en quelques mois. Il s’agit plus souvent de cancers qui étaient déjà présents au moment du mammotest, mais qui sont restés invisibles en raison de la densité des seins. Ces cancers d’intervalle nous paraissent inacceptables. Nous avons les moyens de les éviter : en associant au mammotest une palpation des seins et une échographie lorsque les seins sont denses. »

La contre-proposition de Be.Seno. Le projet vise essentiellement à améliorer l’efficacité du dépistage pour les femmes aux seins denses. « Nous ne demandons pas le maintien de la situation actuelle, à savoir la coexistence du dépistage individuel et du dépistage organisé, mais nous proposons une nouvelle formule combinant les avantages des deux systèmes » , explique toujours le Dr Schillings. En résumé, ce projet propose, après un premier examen soumis à double lecture, de répartir les patientes en trois groupes :

- le groupe « seins clairs » (70 % des femmes) : mammotest classique tous les deux ans ;

- le groupe « seins denses » (30 % des femmes) : palpation des seins, mammographie et échographie immédiate ;

- le groupe des femmes à haut risque : dépistage annuel, utilisant annuellement toutes les méthodes de dépistage disponibles, soit la palpation des seins, la mammographie et, si nécessaire, l’échographie et la résonance magnétique (IRM).

Ainsi, les trois groupes bénéficient d’un contrôle de qualité, d’une double lecture des mammographies, et d’un enregistrement des données.

La critique principale formulée à l’égard du projet est qu’il n’est pas étayé par des références scientifiques valables. Si l’utilité de l’échographie a été démontrée pour des femmes à hauts risques, aucune publication n’en a, jusqu’ici, fait état pour la population générale. « Notre expérience quotidienne sur le terrain démontre cependant de façon indiscutable qu’une proportion importante de cancers est détectée par l’échographie et est invisible en mammographie , soutient Be.Seno. Associer l’échographie à la mammographie permet de déceler 50 % de cancers supplémentaires. Plus grave, ce sont souvent les cancers les plus agressifs qui sont invisibles en mammographie, car, en raison de leur croissance rapide, ils ne laissent pas au sein le temps de »réagir« au cancer et de développer l’image étoilée typique des cancers d’évolution plus lente. Ces cancers agressifs nous semblent de plus en plus fréquents . Négliger l’échographie revient donc, nous en sommes certains, à mettre en danger, chaque année, la vie de plusieurs centaines de femmes belges . » Toujours selon le groupe de travail, le surcoût engendré par un dépistage combinant la mammographie et l’échographie chez 30 % des femmes est négligeable par rapport au coût des traitements lourds qui doivent être infligés aux femmes chez qui le mammotest a occasionné un retard de diagnostic.

Deux pétitions :


Une pétition « Médecins »
est toujours ouverte à l’adresse : club.de.senologie @skynet.be.

Une pétition publique est en circulation. Elle est accessible sur : la pétition.be sous le nom : « Cancer du sein : pour un dépistage efficace ».

Rappel

Une femme sur huit sera atteinte en Belgique

Evolution. En Belgique, on estime qu’une femme sur huit sera touchée par un cancer du sein si elle atteint l’âge de 80 ans. Le nombre de nouveaux cas annuels a doublé en 20 ans. Et les femmes concernées sont de plus en plus jeunes (un tiers des cancers du sein touche des femmes de moins de 50 ans). Depuis le printemps 2009, avec la publication des premiers résultats du Registre du cancer, on sait que la Belgique est le pays d’Europe le plus touché, avec plus de 9 000 nouveaux cas, chaque année. Tout le monde s’accorde à dire que le dépistage est essentiel pour diminuer la mortalité, d’autant que de nombreux cancers du sein évoluent lentement, pendant plusieurs années avant qu’apparaissent les symptômes.

Essentiel aussi la prevention primaire - soit eviter autant que possible l’exposition à des cancerigenes et perturabteurs du système endocrinien reconnus, comme par exemple le BPA dont on parle tant ces derniers temps, mais aussi les pesticides etc. Vous trouverez sur le présent site des informations en la matière en cliquant ici, ou ici, ou encore ici.

Sources :
Mais quel dépistage du cancer du sein ? Laurence Dardenne sur le site de La Libre

Crédit photographique : © Forgiss - Fotolia.com

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