La faim stricto-sensu (sous-alimentation) touche encore quasi 900.000 personnes et l’obésité stricto-sensu en touche 500.000. Entre les deux, il y a 1,5 milliards de « mal nourris » du fait de déficiences en micro-nutriments (comme l’iode, le fer, les vitamines...), donc, les victimes d’une alimentation totalement déséquilibrée.
La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que le coût social de l’obésité et l’excès pondéral a doublé au cours des 20 dernières années. Elle insiste sur le coût économique d’une alimentation mal équilibrée qui « pourrait représenter jusqu’à 5% du PIB mondial, soit 3.500 milliards de dollars par an ou 500 dollars par personne » du fait de la perte de productivité et des dépenses de santé [1].
« Le coût de la dénutrition et des carences en micronutriments représente 2 à 3% du PIB mondial soit 1.400 à 2.100 milliards de dollars », ajoute-t-elle.
Les causes de la faim (malnutrition comprise) sont politiques
“ La faim est un problème politique. C’est une question de justice sociale et de politiques de redistribution. Si nous voulons en finir avec la faim dans le monde, il est urgent d’opter pour d’autres politiques agricoles et alimentaires qui mettent au centre de leur préoccupation les personnes et leurs besoins, ceux qui travaillent la terre et l’écosystème" (O. De Schutter).
La faim n’est donc pas une fatalité inévitable qui affecterait seulement certains pays. Qui contrôle les ressources naturelles (terres, eau, semences) qui permettent la production de nourriture ? A qui profitent les politiques agricoles et alimentaires ?
Conclusions du rapport final d’Olivier De Schutter
L’élimination de la faim et de la malnutrition est un objectif réalisable. Néanmoins, pour y arriver, il faut sortir du statu quo et améliorer la coordination entre les secteurs, et s’accorder sur les échéances et les niveaux de gouvernance. Donner les moyens d’agir aux communautés, au niveau local, afin qu’elles puissent recenser les obstacles qu’elles rencontrent et les solutions qui leur conviennent le mieux est une première étape. Cette action doit être complétée par des politiques nationales d’appui, qui garantissent un séquençage correct des diverses réformes politiques nécessaires, dans tous les secteurs concernés, dont l’agriculture, le développement rural, la santé, l’éducation et la protection sociale. À leur tour, les politiques locales et nationales devraient bénéficier d’un cadre international porteur, dans lequel les politiques qui influent sur la capacité des pays de garantir le droit à l’alimentation (commerce, aide alimentaire, allègement de la dette extérieure et coopération au développement) soient revues pour correspondre à l’impératif de la sécurité alimentaire et de l’alimentation adéquate. Comprise comme l’exigence du fonctionnement démocratique des systèmes alimentaires, impliquant la possibilité, pour les communautés, de choisir de quel système alimentaire elles souhaitent dépendre et comment remodeler ces systèmes, la souveraineté alimentaire est une condition de la pleine réalisation du droit à l’alimentation. Mais ? paradoxe d’un monde de plus en plus interdépendant ? il faut, pour parvenir à cet objectif, approfondir la coopération entre les États.
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