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Vie active - Alimentation - Comprendre
Non à la castration chimique des cochons !
par Alain Geerts - 21 mars 2014

L’affaire fait grand bruit ! La ministre fédérale des Affaires sociales et de la Santé, Laurette Onkelinx, s’intéresserait au bien-être des p’tits cochons : elle s’apprête, en effet, à interdire la castration chirurgicale de nos jolis porcelets, lui préférant une « vaccination » qu’elle aime prétendre indolore. Tout cela par pure grandeur d’âme à quelques encablures des élections ? N’en croyez pas un mot… La Ministre Laurette Onkelinx s’apprête à complaire les éleveurs industriels flamands au détriment de la qualité produite en Wallonie, en faisant au passage un gros cadeau au labo pharmaceutique américain Pfizer qui détient le monopole dudit vaccin ! Bref, le même coup qu’en 2009 lorsqu’elle avait prétendu nous protéger de la grippe A/H1N1 en commandant, à Glaxo-Smith-Kline, des quantités astronomiques d’un vaccin qui n’a finalement servi à rien.

Un communiqué de presse de l’asbl Nature & Progrès

Une viande de cochon qui ne sent pas bon !

Quelques explications s’imposent ! Non castré, un porc peut être agressif, sa viande peut également avoir une mauvaise odeur. Pour ces deux raisons, le porc d’élevage conventionnel est habituellement castré avant d’avoir atteint l’âge de sept jours. L’ablation des testicules à vif - un acte barbare que nous réprouvons évidemment - est interdite au niveau européen, ce qui est une très bonne chose. La castration chirurgicale se fait donc sous analgésique si le porc a moins de sept jours, sous anesthésie s’il a plus de sept jours.
En plein accès d’empathie animalière - après avoir interdit les animaux dans nos cirques ! - madame la Ministre Laurette Onkelinx veut aujourd’hui que tout cela cesse ! Et la chimie vole soudain à son recours en lui offrant l’alternative d’un « vaccin » qui freine la montée de la testostérone chez le mâle. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes : sus au macho agressif et à ses insupportables mauvaises odeurs…

Mais tout n’est pourtant pas aussi rose au joli royaume des petits cochons ! Comme le précise la notice d’utilisation, ce produit anti-hormonal - qui n’a absolument rien d’un « vaccin » - est un produit vraiment dangereux ! Les femmes enceintes – ou pouvant le devenir- ne doivent l’administrer sous aucun prétexte ; quant à l’homme « normal » qui se serait piqué par inadvertance lors de l’administration à un porcelet, on le soigne certes mais en lui précisant bien que cela ne doit absolument pas se reproduire… Conclure que, dans son cas malheureux, la stérilité n’est pas loin n’a donc rien d’abusif.

Enfin, pour que la description soit complète, le produit peut être administré jusqu’à quatre semaines avant l’abattage, mais il continuerait à avoir un effet jusqu’à dix semaines : bonjour les résidus dans la viande !

Pourquoi tant de hâte ?

On nous prétend que l’Europe - toujours l’Europe, elle a bon dos l’Europe ! - interdira la castration chirurgicale des porcs dès le 1er janvier 2018, que madame la Ministre Laurette Onkelinx est donc une femme attentive et prévoyante qui a raison de prendre les devants…

Tout cela est faux ! L’Europe n’a fait qu’émettre une simple recommandation, invitant ses Etats membres à réfléchir à des alternatives à la castration chirurgicale, en même temps qu’elle bannissait la castration à vif.

Alors pour quelles raisons Laurette Onkelinx est-elle soudain si pressée ?
L’explication est simple. Comme d’habitude, les alternatives sont de deux ordres :
- l’alternative chimique : la bête reçoit l’injection d’un produit médicamenteux dont on ne sait rien des effets secondaires, principalement sur le consommateur qui va peut-être en ingérer quand il consommera la viande.
- l’alternative bio : on sélectionne les races, on travaille sur une alimentation choisie, on abat les porcs mâles plus jeunes, on élimine les individus qui présentent des effets indésirables en terme d’odeur ou d’agressivité. Une alternative qui demande une motivation de l’éleveur et une formation à ces méthodes d’élevage.

Eh oui, l’alternative bio existe !

Car l’alternative au chimique existe depuis belle lurette : il s’agit de la technique dite « du mâle entier » ! Adopter une telle technique suppose toutefois une grande motivation de la part de l’éleveur et elle cadre donc fort mal avec les méthodes expéditives et les impératifs de rationalisation qui ont cours dans les élevages industriels. Il n’y a donc guère qu’en bio, et dans les autres filières de qualité, qu’on choisit de s’y intéresser. Mais ces filières sont principalement wallonnes et madame Onkelinx paraît ne pas vouloir s’en souvenir !

Au contraire, elle œuvre aujourd’hui clairement en faveur des filières industrielles principalement flamandes qui élèvent les cochons par millions, plutôt que pour défendre les intérêts des filières de qualité que développe la Wallonie. Elle favorise surtout clairement le tout-venant conventionnel au détriment du bio…
Plus fort encore : la Ministre fédérale de la Santé publique entend faire aujourd’hui passer « à la hussarde » une mesure qui risque d’avoir un impact réel tant sur la qualité de nos produits wallons que sur la santé des consommateurs que nous sommes, alors même que cette compétence sera régionalisée… le 1er juillet de cette année ! De qui se moque-t-elle ?

Alors, à quoi joue-t-on ?

Avec qui tient aujourd’hui madame la Ministre Laurette Onkelinx ? Après s’être empressée d’autoriser des essais de peupliers OGM flamands, la voilà qui prend fait et cause pour la production porcine industrielle, qui défend ostensiblement de dangereuses pratiques chimiques au détriment des méthodes douces pratiquées en bio… Tout cela en stoemeling, sans la moindre concertation avec les acteurs locaux wallons…

Dernière recommandation à tous nos concitoyens : mangez moins de viande ou préférez, à tout le moins, la viande issue de filières de qualité ! De la viande bio sinon rien, et sûrement pas la malbouffe chimique industrielle que nous promettent aujourd’hui les initiatives de la ministre de la Santé…

Pour toute information complémentaire
ou interview :

Marc Fichers
0473/65.36.32
marc.fichers@natpro.be

Nature & Progrès asbl
520 rue de Dave - 5100 Jambes
www.natpro.be

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